syndicalisme

Nettoyage : Briser les chaînes de la sous-traitance




Deux mois de grève : c’est ce qu’il aura fallu aux salarié-e-s de TFN-Atalian, société s’occupant du nettoyage pour la direction des finances publiques de Paris, pour faire céder leur patron et faire appliquer le droit du travail.

Le 11 mai, les travailleuses invisibles des finances publiques ont mis fin à une grève amorcée le 11 mars : ces femmes embauchées par la société TFN-Atalian à qui la direction régionale des finances publiques de Paris délègue la gestion de la propreté de ses locaux, se révoltaient contre des conditions de travail et de rémunération inacceptables.

Si la grève a commencé le 11 mars, les salariées ont entamé les négociations avec TFN depuis novembre : deux lettres collectives de revendications ont été envoyées à la direction entre novembre et mars, sans réponses de la part de cette société qui emploie 65 000 personnes dans 16 pays et a réalisé un chiffre d’affaire de plus d’un milliard d’euros en 2014. Alors, c’est la grève !

Les revendications des salariées concernaient en premier lieu les conditions de travail. Elles exigeaient tout d’abord des contrats d’au moins seize heures par semaine au lieu des contrats à dix à quinze heures par semaine actuels. En plus d’augmenter la rémunération, ces heures supplémentaires permettraient de réduire un peu les cadences et de préserver la santé des travailleuses : les salariées doivent nettoyer 1 400 m2 par jour, ce qui est énorme, d’autant plus que le matériel est défectueux et insuffisant. Il faut dire que même dans de « bonnes conditions », ce travail reste usant physiquement : posture courbée, exposition à des produits de nettoyage toxiques sur le long terme, gestes répétitifs... Mais cette pénibilité est très peu visible, entre autres parce que les salariées sont des femmes, peu syndiquées et qu’on associe la pénibilité plutôt au travail d’usine ou de plein air.

Entorses au Code du travail

D’autres revendications visaient à améliorer le niveau de vie des salariées : outre le treizième mois, les grévistes veulent que l’employeur participe aux frais de transport à hauteur de 50 % comme la loi l’exige, qu’il leur donne accès à la formation professionnelle et qu’il prenne part au financement de l’assurance complémentaire. Enfin il s’agit de dire stop aux nombreuses entorses au Code du travail exercées par l’entreprise, entre autres la non-prise en compte de l’ancienneté, le versement de primes de remplacement au lieu du paiement des heures complémentaires, le remplacement des grévistes par des intérimaires, ou encore un avertissement injustifié adressé à une salariée.

Elles sont soutenues par une intersyndicale (Solidaires, CGT, FO) qui a lancé une pétition de soutien et demandé des rendez vous avec la direction régionale des finances publiques (DRFIP) ainsi que le services des achats de l’état (SAE). SAE et DRFIP ne se mouillent pas, se disent « non compétents » et renvoient les grévistes vers la préfecture de région. La chef de cabinet du préfet, rencontrée par les grévistes le 27 avril, a refusé d’entendre leurs revendications, démentant leurs propos sur les irrégularités pratiquées par TFN et exigeant des preuves. Elle s’est bien gardée de prendre des engagements de faire pression sur l’entreprise pour rouvrir les négociations.

Dès le 10 avril, TFN a consenti à accepter certaines revendications : retrait de l’avertissement, remboursement des frais de transport, fourniture de tenues de travail adaptées, règlement des heures supplémentaires. Puis, le 11 mai, les salarié-e-s ont arraché un certain nombre d’autres points, notamment : retrait de la clause de mobilité, deux CDD transformés en CDI, passage à seize heures de travail par semaine pour sept salarié-e-s, prime de remise en état des sites égale au paiement de 60 % des jours de grève, retrait d’une sanction prononcée contre une salariée du 13e arrondissement.

Au-delà des revendications satisfaites, les salarié-e-s ont salué la solidarité sans faille née du mouvement. Une solidarité qui les amène aussi à poursuivre la revendication des seize heures de travail et du treizième mois pour tous et toutes.

Auréline (AL Toulouse)

 
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