Santé : Personnels exténués, patients en danger




Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), veut réduire les RTT des personnels. Mais moins de congés, c’est un service moins bien assuré et la santé qui trinque. Face au désastre annoncé, la grève se poursuivra jusqu’au retrait du projet.

Les soignants de l’AP-HP sont dans la rue. Grève reconductible. Oh ! Tous ne sont pas sortis pour manifester. Dans la santé, il y a des personnels requis. Ils bossent, même grévistes. Forcément, il faut s’occuper des malades. Dans la santé, les 35 heures, c’est surtout théorique. Ils font souvent 45 heures, les gens ! Dans la rue, je les entends qui crient : « Touchez pas à nos RTT ! »

La situation actuelle est inacceptable, et monsieur Hirsch, directeur de l’AP-HP, veut l’aggraver encore, en supprimant ces récupérations justifiées... Les infirmières et aide-soignants héritent déjà d’une situation difficile, à cause de leur origine cléricale : la santé était autrefois l’apanage de l’Église, des bonnes sœurs, et donc sous-payée. Les salaires sont donc loin d’être mirifiques, et les dépassements horaires à peu près incontournables. Avec l’intention gouvernementale de faire 10 milliards d’économie sur ce secteur déjà sinistré, dont 3 milliards sur les hôpitaux, dans un contexte où le surmenage est de règle, la solution ne peut venir que de luttes intenses.

burn out

Supprimer des postes alors que la santé est déjà déficitaire, c’est obliger les personnels à dépasser leurs limites. Ils sont poussés à la faute. Et la faute dans le domaine de la santé, ça retombe sur le patient. Les familles peuvent alors porter plainte, et l’administration fait porter le chapeau au personnel. Avec ce régime-là, les gens craquent sous le harcèlement des petits chefs. Et les départs en congés, à cause des burn-out, ça se traduit par encore plus de surcharge de travail pour ceux qui tiennent le coup.

Il faudrait une meilleure liaison des secteurs en lutte, sur tous les hôpitaux menacés de fermeture. Et ils sont nombreux seulement en région parisienne : l’Hôtel-Dieu, le Val-de-Grâce, Bichat et Beaujon, et en banlieue Nord, Villiers-le-Bel.

vendre la santé au privé

Je crois utile de rappeler la mort d’une sexagénaire, l’an dernier à Cochin, dans la salle d’attente des urgences. Mort présumée d’origine cardiaque, découverte six heures après le décès. Le comité de défense de l’Hôtel-Dieu dont je fais partie avait fait une mise en garde six mois plus tôt avec l’opération Casimir. Nous avions porté au Panthéon le premier mort lié à la fermeture des urgences.

Inconscience gouvernementale ? Pas du tout ! Volonté délibérée de détruire le service public, et de vendre la santé au privé, par exemple à la Générale de Santé. Le patient deviendra un client, et la santé, une marchandise. Et bien sûr, cela crée des inégalités dans l’accès aux soins, et ça coûte globalement plus cher que le service public. C’est ça le néolibéralisme...

France (AL Paris-Nord-Est)

 
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