A Contre courant : Effet domino au casino européen




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Banquiers et spéculateurs largement renfloués par les Etats après la crise de subprimes états-uniens ont misé sur les hauts rendements offerts par les Etats européens les plus endettés. BNP-Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et bien d’autres établissements bancaires européens se sont exposés aux risques, sans vouloir en prendre aucun ! « Chacun savait que la débâcle viendrait mais chacun espérait qu’elle emporterait son voisin après avoir lui-même recueilli la pluie d’or » [1]. Quand l’insolvabilité de la Grèce est apparue, quand l’effet domino s’est produit dans l’économie casino, ils se sont tous affolés d’autant que les plus rapaces d’entre eux avaient parié gros sur la « faillite » de la Grèce (!), l’intervention du FMI et même la vente de ses îles !

Pris au dépourvu ou myopes, la valetaille européenne caquetait pour rassurer les marchés alors même qu’elle en était l’otage. Les ballets de leurs balourdises et tergiversations, les prétentions de l’Allemagne de tirer les marrons du feu agaçaient, car, contrairement à ce que laissaient paraître leurs conciliabules, il ne s’agissait pas de sauver la Grèce mais les propriétaires de titres de dettes d’États surendettés et dont les titres étaient de ce fait menacés de dépréciation. Et la liste s’allongeait du Portugal, à l’Italie en passant par l’Espagne … Panique ! Le casino risquait de flamber et d’en contaminer d’autres. Wall Street et les autres places financières dévissaient, l’euro chutait.

Fallait mettre bon ordre à cette cacophonie. Le 7 mai, 47 banques européennes réclamaient que la Banque Centrale Européenne rachète leurs dettes pourries. Socialiser les risques, soigner l’endettement des États par un endettement encore plus colossal reposant sur les contribuables ! Le message fut entendu. La BCE, les dirigeants européens s’exécutèrent : 750 milliards d’euros. D’autant qu’Obama avait pris sur lui de tancer à plusieurs reprises Merkel, la réticente, soucieux qu’il était de voir l’euro remonter, faute de quoi les exportations américaines en seraient pénalisées …

Pour la galerie, l’euro est sauvé. En fait, les créanciers sont en joie, ils ont été payés pour s’enfuir sous d’autres cieux plus rémunérateurs et moins risqués. Quant aux peuples, ils peuvent souffrir. Plus certainement, une page est tournée : la zone euro est au bord de l’éclatement, la croyance dans les vertus du libéralisme s’effrite et l’on conseille même aux traders influençables de ne pas regarder les images à la télé, du peuple grec en résistance … Au-delà de la récession qui s’annonce un autre spectre hante l’Europe du capital : le réveil des classes ouvrières et populaires.

[1Karl Marx, Le Capital, Ed. sociales, t. 1, page 264

 
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