A contre-courant : Du PS au RPR




Chaque mois, le mensuel Alternative libertaire reproduit l’édito de la revue alsacienne À Contre Courant, qui de son côté reproduit l’édito d’AL. Pour contacter ces camarades : ACC, BP 2123, 68060 Mulhouse Cedex.


Ça y est, c’est reparti ! La fièvre footballistique à l’occasion de l’Euro 2008 ? Mais non ! Le Tour de France des junkies-à-pédales ? Vous n’y êtes toujours pas ! La ruée des juilletistes suivie par celle des aoûtiens ? Là, vous frôlez la banquise…

Non, ce qui est reparti, ce sont les grandes manœuvres en vue de désigner… le successeur de Hollande à la tête du PS, qui aura toutes les chances d’être le candidat « socialiste » à la présidentielle de 2012. Les premiers à s’être déclarés, ce sont Ségolène Royale, la Reine des Sleeping Cars (RSC), et Bertrand Delanoë, le Roi du Vélib (RV). Sans doute, y en aura-t-il d’autres pour prendre part à un concours dont le déroulement s’annonce aussi fertile en coups bas et coups de théâtre que le résultat en est prévisible. Car quel-le que soit l’heureu-se élu-e, ce sera bonnet rose et rose bonnet. Ou, plutôt, bonnet jaune et jaune bonnet.

Là, on vous sent perplexe. Pourquoi ce changement de couleur, vous demandez-vous ? Tout simplement parce que, quel que soit celui ou celle qui sera placé-e à la tête du PS, ce sera pour lui faire franchir le dernier stade de la longue et laborieuse mue qu’il a entamée depuis le début des années 1980. En effet, depuis sa renonciation à son programme social-démocrate et, du même coup, à son identité antérieure, le PS est engagée dans une douloureuse et tortueuse crise d’identité dont l’issue, retardée du temps du mitterrandisme et des victoires électorales des années 1980 et 1990, ne saurait être différée plus longtemps à la suite des revers électoraux successifs de ces dernières années. D’ailleurs, ses deux champions en lice l’ont déclaré l’une et l’autre : RSC en expliquant sa défaite de l’an dernier par le fait qu’elle avait menée une campagne trop… à gauche, alors même que cela a été la campagne « socialiste » la plus à droite que l’on ait connu jusqu’alors en France ; RV en publiant récemment un ouvrage dans lequel il se déclare à la fois « socialiste et libéral », selon les proportions bien connues de la recette qui a fait la réputation du pâté d’alouette !

N’en doutons pas. Qui que ce soit qui sera demain à la tête du PS, c’est bien de la liquidation de toute référence, même purement formelle et rhétorique, au « socialisme » dont il ou elle se chargera. Deux graves questions se poseront alors à lui ou à elle. La première portera sur le nouveau nom à donner à la formation dont il assurera la direction.
Suggérons-lui de l’appeler Rassemblement pour la Réforme, puisque le sigle RPR est désormais libre de droits dans l’arène politique et que « la réforme » (en fait la contre-réforme néolibérale) est devenue le mot fétiche qui sert de bannière à tous les éléphants du PS aussi bien qu’aux ânes de l’UMP.

Restera la question de la couleur servant de marque distinctive au nouveau parti. Le bleu, l’orange et le vert étant pris, le rose n’étant plus praticable, le rouge autant que le noir étant honnis, on ne voit guère de choix que celui du jaune. Au moins le peuple de gauche sera-t-il alors averti de la nature des gens pour qui il sera convié à voter et du sort qui l’attendra dans ce cas.

A Contre-Courant, juin 2008

 
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