Amérique latine : L’internationalisme prend corps




Plusieurs centaines de militant-e-s, venu-e-s de toute l’Amérique latine, se sont réunis dans le cadre de la VIIe Rencontres latino-américaine des organisations populaires et autonomes. Succès de bon augure dans la tentative de coordonner les différents mouvements sociaux qui traversent le continent.

La VIIe Rencontre latino-américaine des organisations populaires et autonomes (Elaopa) a été une étape importante pour les mouvements sociaux d’Amérique du Sud. La croissance du nombre d’organisations présentes marque le succès des efforts entrepris depuis sept ans [1] pour coordonner les organisations qui luttent afin de construire un contre-pouvoir populaire, indépendant des patrons, des États et des partis politiques. Plus de 70 organisations et près de 400 militantes et militants du Chili, du Brésil, d’Uruguay, de Bolivie et d’Argentine se sont retrouvés les 27, 28 février et 1er mars à l’université de Lujan à Buenos Aires en Argentine, avec la participation de camarades d’Oaxaca au Mexique, mais aussi d’Espagne et de France.

Impossible de résumer toutes les discussions qui ont eu lieu en ateliers, en commission et lors de l’assemblée générale. Les ateliers proposés et coordonnés par différentes organisations donnent un aperçu de leur diversité : éducation populaire, cosmovision indigène, recyclage urbain, théâtre... L’atelier sur le syndicalisme alternatif a été aussi l’occasion de parler des entreprises récupérées. Les débats proprement dits se sont déroulés en deux temps : samedi, discussion en commissions et élaboration des propositions ; dimanche, adoption en assemblée plénière des accords de travail pour 2009. Les résolutions adoptées par les diverses commissions [2] concernent, entre autres, la tenue de journées d’action dans chaque pays, sous les mêmes mots d’ordres, le lancement de campagnes avec des revendications communes, ou bien des mesures pour faciliter la coordination.

Journées d’action continentales

Le texte adopté par la commission syndicalisme mérite une attention particulière. En terme d’orientations générales, il défend l’indépendance de classe du syndicalisme, il insiste sur la nécessité pour les syndicalistes de participer aux luttes hors du monde du travail, en se liant avec les organisations sociales qui les animent. Les axes de l’activité syndicale pour l’année sont : sécurité sociale et assurance chômage, santé sécurité et hygiène au travail, réduction du temps de travail sans réduction des salaires et redistribution des richesses. Le soutien aux expériences autogestionnaires n’est pas oublié, d’autant plus qu’elles se développent à nouveau en Argentine. Pour les équipes syndicales de base, l’autogestion doit être considérée comme une solution à la crise actuelle et comme un but à long terme à généraliser à toute la société. Une des décisions majeures concerne la formation des syndiqué-e-s. Il est prévu de la développer non seulement à travers l’échange de matériel mais surtout en créant des écoles de formation syndicale dans tous les pays où les forces le permettent.

Les résolutions générales de cette VIIe Elaopa expriment la volonté d’unir et d’articuler les luttes sociales et les initiatives de tout un continent. Il est décidé de créer un comité d’organisation stable d’au moins un-e délégué-e par pays, d’organiser une pré-Elaopa dans tous les pays où c’est possible, et d’élire des délégué-e-s de commissions pour un suivi régulier des rencontres. Les outils qui se mettent progressivement en place depuis 2003 dessinent les contours d’un internationalisme concret, enraciné dans les luttes locales. Bien sûr, cela prendra du temps, mais l’avenir se construit avec les ambitions et les possibilités de chacun, en prenant en compte les spécificités économique, politique, sociale et culturelles de chaque région. La prochaine Elaopa se déroulera en Uruguay, espérons qu’elle soit un nouveau pas en avant pour les luttes et leur coordination sur un continent plein d’initiatives et de bonheur dans la lutte révolutionnaire.

¡ Arriba los que luchan !

Ghislain et Hervé (AL Marseille)

Pour en savoir plus :

http://elaopa.org (en espagnol)

• http://ameriken lutte.free.fr (en français)

[1La première ELAOPA s’est tenue en janvier 2003 en parallèle au du Forum social mondial au Brésil, les suivantes en Bolivie (2004), Argentine (2005), Uruguay (2006), Chili (2007) et Brésil (2008).

[2Territoire, communication et culture, muralisme et intervention sociale, ressources naturelles, genre, syndicalisme, étudiante, santé.

 
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