Argentine : Les communistes libertaires du RLBA reprennent le flambeau




Fondé à l’époque de l’Argentinazo, le Réseau libertaire de Buenos Aires a évolué. Il a pris le relais de la défunte OSL comme principale organisation communiste libertaire du pays, mais sur de nouveaux axes militants.

L’Organisation socialiste libertaire (OSL), qui fut l’organisation-sœur d’Alternative libertaire en Argentine, s’est autodissoute depuis plus d’un an. Avait-elle trop exclusivement lié son destin à celui des mouvements piqueteros [1], de plus en plus domestiqués par l’État péroniste ? Ses militantes et ses militants restent cependant actifs et en liaison au sein d’un des derniers pôles de la radicalité piquetera : le Frente de Organizaciones en lucha (FOL).

Alors que les piqueteros et les comités de quartier avaient été l’aile marchante de l’Argentinazo – l’insurrection de 2001 – le centre de gravité du mouvement social argentin semble opérer aujourd’hui un retour vers l’espace plus traditionnel du syndicalisme ouvrier. Le renouveau économique argentin a en effet vu refleurir les grèves.

Et c’est sur ce front syndical que travaille principalement l’organisation communiste libertaire montante en Argentine, le Réseau libertaire de Buenos Aires (RLBA). Un de ses militants, Belga, a récemment voyagé de Paris à Barcelone via Toulouse pour prendre contact avec AL et avec des camarades espagnols. « Le nom de l’organisation est obsolète et ne correspond plus à ce qu’elle est, assurait-il en souriant, et le mot réseau, trop connoté “dilettante”, inspire aujourd’hui quelque méfiance. »

Délégués sur le lieu de travail

Le RLBA a été fondé en décembre 2002, un an exactement après l’Argentinazo et, d’année en année, a clarifié ses conceptions politiques. Il a pris une coloration de plus en plus « lutte de classe » et a adhéré au réseau international Anarkismo.

Ses militantes et ses militants agissent sur les campus – notamment au sein de la Fédération des étudiants libertaires - et dans les syndicats de masse, c’est-à-dire le plus souvent à la base de la CGT, la centrale hégémonique dont la bureaucratie est quasiment un rouage de l’État péroniste. Ce second front est ardu. Pour mieux résister à la pression du patronat et de la bureaucratie cégétiste, les révolutionnaires s’efforcent d’être élus délégués sur leur lieu de travail – une problématique analogue à celle de la France. Le RLBA participe également à la très intéressante expérience de la bibliothèque populaire José Ingenieros et publie Hijos del Pueblo fils du peuple ») dont le dernier numéro parle de luttes étudiantes, de syndicalisme, de féminisme et… des grèves de l’automne 2010 en France.

Signalons enfin l’existence de la Federación de Organizaciones de Base (FOB), une fédération de mouvements sociaux basés à Buenos Aires et à Rosario, qui rassemble des comités piqueteros, des centres sociaux et des comités de quartiers. Le rouge et noir de ses bannières, sa phraséologie  construire le pouvoir populaire autogestionnaire ») et ses principes de base (autonomie, fédéralisme, action directe, démocratie directe) indiquent assez le rôle que peuvent y jouer les communistes libertaires, en particulier ceux et celles de la colonne Joaquin Oenina (Rosario) et de la colonne Malatesta (Buenos Aires). Un très bon documentaire, Desde Abajo, sous-titré en français, est disponible sur le site Amerikenlutte.free.fr.

Guillaume Davranche (AL 93)

[1Les piqueteros sont les chômeurs organisés dans un movimiento de trabajadores desocupados (MTD, « mouvement de travailleurs sans emploi »). Il existe plusieurs MTD, de tailles et de tendances variables.

 
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