Assistantes maternelles : Ni nounous ni nourrices, le cri des gilets roses




C’est une lutte à l’intersection du syndicalisme, du féminisme et du mouvement des gilets jaunes. Le gouvernement veut plonger les "ass-mat" dans la pauvreté. Elles ont revêtu le « gilet rose » et sont descendues dans la rue.

Elles étaient mobilisées, samedi 9 mars au matin, place Saint-Projet, à Bordeaux, arborant un gilet rose (photo). Certaines se préparaient à enfiler par dessus un gilet jaune, en vue de l’acte XVII, l’après-midi.
C’était la seconde journée d’action natio­nale des assistantes maternelles (« assmat »), et elles ont été près d’un millier à protester, dans 34 dépar­tements, contre une réforme de l’assurance chômage qui menace directement leurs revenus.

Les assistantes maternelles, c’est une des professions les plus féminisées (99 %) et les plus précaires qui soient. Elles peuvent garder à leur domicile jusqu’à quatre enfants, généralement confiés par de jeunes parents n’ayant pas de place en crèche.
C’est souvent du travail 6 jours sur 7 et 13 heures par jour, si l’on inclut les heures de ménage et de préparation, soit 60 à 70 heures par semaine ! Tout cela pour 2,82 euros brut de l’heure par enfant au minimum. Le plafond de la CAF correspond à 50,15 euros pour une journée.

Pour exercer il leur faut l’agrément du conseil départemental. Le logement doit respecter des normes qui nécessitent des investissements pour lesquels il y a très peu d’aides. Certaines se regroupent en maisons d’assistantes maternelles (MAM) où les charges absorbent souvent l’équivalent d’un salaire.

L’activité est très instable. En effet, dès qu’ils ont obtenu une place en crèche, ou que l’enfant entre à l’école maternelle, bye bye l’assmat ! Pour éviter que son revenu ne plonge, l’assmat perçoit temporairement une indemnisation pour activité réduite. En 2018, environ 105 000 assmat sur 330 000 touchaient cette indemni­sation… que le gouvernement veut supprimer !

L’épicentre est en Gironde

La Gironde est l’épicentre de la contestation qui a démarré en novembre. Inquiètes des menaces sur l’assurance chômage, les Bordelaises Laurence Joly, Florence Casenave, Isabelle Moizan, Émilie Ferbos et Mallaury Vautier ont lancé un groupe Facebook « Assistants maternels [sic] en colère “Gilets roses” » qui a connu un grand succès (plus de 10 000 abonné.es) et a initié une auto-organisation au niveau national avec, bientôt, des référentes dans chaque département. Les gilets roses ont ensuite coorganisé, avec les assmat FO et CGT, une première journée nationale de lutte, le 2 février.

Au-delà de leur combat contre la précarisation de leur métier, les assmat luttent aussi pour davantage de reconnaissance, et contre les clichés sur leur profession : elles ne sont ni nounous, ni nourrices, ni fainéantes. Par ailleurs, rappellent-elles, cette réforme impactera toutes les personnes avec multi-employeurs : agents d’entretien, auxiliaires de vie, etc.

Si les assistantes maternelles arrêtent de travailler, la précarité se reportera sur les familles qui seront alors privées de mode de garde. Or, ne nous voilons pas la face : dans cette société patriarcale, la diminution du nombre d’assmat signifierait le retour forcé de nombreuses femmes à la maison pour s’occuper des enfants…

Sarah et Sam (AL 33)

 
☰ Accès rapide
Retour en haut