Migrations

Castaner, complice des identitaires




Lors d’une déclaration le 5 avril, Castaner a fait des navires d’ONG les complices des passeurs. Déconstruction d’une fake news.

Le 5 avril, le ministre de l’Intérieur Castaner a cru bon de déclarer que «  certains navires d’ONG étaient en contact téléphonique direct avec des passeurs […]. Les ONG, dans ce cas-là, ont pu se faire complices des passeurs.  ». Avec cette intervention lors la de conférence de presse finale de la rencontre des ministres de l’Intérieur du G7, Castaner rejoint ainsi la position de son homologue italien d’extrême droite Salvini et plus généralement de l’extrême droite européenne. Le groupuscule fasciste français Génération identitaire s’est d’ailleurs félicité de voir le ministre de l’Intérieur lui «  donner raison  » et ont nommé celui-ci «  adhérent d’honneur  ». Pour Le Pen et son candidat aux élections européennes Bardella, le gouvernement donne raison au Rassemblement national (RN), «  une fois de plus  ».

Il s’agit pourtant d’une fake news en bonne et due forme, visant à discréditer les ONG. Comme le rappelle l’association SOS Méditerranée, «  aucune de ces accusations n’a jamais été démontrée ni étayée par la moindre preuve  ». Castaner persiste et signe en citant deux rapports de l’agence européenne Frontex mais les-dits rapports ne font que mentionner que les passeurs donnent les numéros de téléphone des ONG aux migrant.es, mettant ceux-ci dans des situations toujours plus périlleuses et se déchargeant sur les ONG de leur sort. Ce sont donc bien les politiques de l’Union européenne et de ses États qui contraignent les migrant.es à prendre des routes toujours plus dangereuses et à confier leur vie à des passeurs sans scrupules. SOS Méditerranée rappelle que «  la mer Méditerranée centrale reste l’axe migratoire le plus mortel au monde où plus de 18 000 personnes ont perdu la vie ces cinq dernières années  ».

Alors pourquoi ces déclarations  ? Une chose est sûre  : il ne s’agit pas d’une initiative personnelle de Castaner mais bien d’une orientation politique de LREM à l’approche des élections européennes. Rappelons que dès juin 2018, Macron condamnait l’intervention du navire humanitaire allemand Lifeline, qui avait secouru 233 migrant.es en mer et refusé de les livrer aux gardes-côtes libyens.

Ouverture des frontières et libre circulation

Macron est arrivé au pouvoir en siphonnant le Parti socialiste, sur le créneau de celui-ci  : libéral pro-Europe et pas frontalement anti-migrant.es. Il est maintenant décidé à absorber la droite pour se présenter comme l’unique rempart possible face aux «  extrêmes  ». Or Les Républicains, talonnés par le RN, sont en pleine crise identitaire et ont ainsi placé un dirigeant de droite extrême à leur tête, Wauquiez. Le RN, quand à lui, tire un bilan négatif de la ligne pseudo-sociale incarnée par Philippot et se droitise vers une ligne plus identitaire. Voilà comment tout le spectre politique se retrouve tiré vers la droite, et comment Macron «  ni de droite ni de gauche  » se retrouve à propager des théories fascistes. On a même vu pendant un temps une partie de la France insoumise reprendre ces discours, notamment via Kuzmanovic, depuis évincé, qui fustigeait «  la bonne conscience de gauche  » sur l’immigration.

Alternative libertaire revendique pour sa part la seule solution humaine possible  : l’ouverture des frontières et la libre-circulation.

Grégoire (AL Orléans)

 
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