Cinéma : Peter Jackson : le saigneur des anneaux




Pour qui ne connaîtrait pas encore la trame de l’œuvre la plus célèbre de J.R.R Tolkien, Le Seigneur des anneaux conte, en trois volumes, la quête d’un hobitt ordinaire nommé Frodon Saquet, chargé du terrible fardeau d’aller en Mordor, pays où règnent les ombres, afin de détruire le Maître anneau qui permettrait à son créateur, le maléfique Sauron d’assujettir les peuples libres (hommes, elfes, nains et hobitts) peuplant la Terre du Milieu.

Réputé inadaptable au cinéma, le magnifique roman de Tolkien avait fait par le passé l’objet d’une tentative désastreuse d’adaptation en dessin animé.

Le défi du réalisateur néozélandais Peter Jackson, servi par les paysages somptueux de Nouvelle-Zélande et l’évolution des effets spéciaux était donc de taille, puisqu’il s’agissait de recréer en images l’esprit d’un monde imaginaire auquel Tolkien a consacré sa vie.

Si le premier volet de la trilogie, La Communauté de l’anneau, souffrait de quelques raccourcis - comme la disparition regrettable d’un des personnages les plus curieux de Tolkien en la personne de Tom Bombadil [1] - l’on ne pouvait que se féliciter de la fidélité du film au roman. Le mélo entre Aragorn dit Grands Pas et l’elfe Eowin aurait cependant mis la puce à l’oreille du spectateur du premier volet.

Dans Les Deux Tours, second volet de la trilogie, Peter Jackson prend ses aises avec l’œuvre de Tolkien, passant de l’économie de moyens - la capitale du Rohan a des airs de hameau misérable - à une démesure d’effets spéciaux peu crédibles. L’on a ainsi du mal à croire à une charge victorieuse de 50 cavaliers contre une armée de quelques milliers d’orques éjectés sur les bas-côtés.

Plus gênant, Peter Jackson rajoute des épisodes spectaculaires au récit de Tolkien, comme le combat de Gandalf contre le balrog ou des gags grotesques, à l’opposé de la psychologie des peuples de la terre du milieu : le lancer de nain de Gimli par Aragorn lui aurait sans doute valu d’être décapité par ce personnage ombrageux, l’ordre impeccable de renforts elfes - inexistants dans le roman - fait plus penser à une parade de GI’s qu’à une intervention elfique, et la séance de « shieldboard » de Legolas semble plus sortie des studios Walt Disney que du monde de Tolkien. Enfin, l’ambivalence de Sméagol/Gollum, en étant caricaturée à l’extrême, en devient ridicule.

Bref, le deuxième volet de l’adaptation n’est pas à la mesure du premier épisode et encore moins du roman.

Le seul effet positif de cette sortie aura en fin de compte été les rééditions ou éditions d’œuvres non publiées jusqu’alors de Tolkien. Les amoureux de la Terre du Milieu pourront ainsi se plonger avec délices dans les Contes et légendes inachevées chez Christian Bourgois dans un précis de linguistique naine ou elfique, ou encore dans le Livre de cuisine elfique de Pierre Dubois, spécialiste indiscuté du royaume de Faérie.

GandALf

[1Voir Le Seigneur des anneaux, Les Aventures de Tom Bombadil et Le Silmarillion pour en savoir plus sur ce curieux gnome éternel.

 
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