Congrès de Solidaires étudiant-e-s : Des tensions paralysantes




En 2013, la FSE et Sud étudiant fusionnaient pour donner naissance à Solidaires étudiant-e-s, syndicats de luttes. Le deuxième congrès de cette jeune fédération, qui s’est tenu en juin, a été marqué par des tensions qui l’ont paralysée.

Le congrès de Solidaires étudiant-e-s, syndicats de luttes a eu lieu du 21 au 28 juin à Entremont-le-Vieux (Savoie). Il était précédé du stage annuel. Riche moment de discussion et de formation syndicales avec des ateliers sur de nombreux thèmes du syndicalisme au quotidien, des réunions de commissions et entre autres cette année une discussion sur la situation au Moyen-Orient avec un camarade palestinien ou encore avec d’autres fédérations, dont la CGT-Crous, sur les liens entre mouvement étudiant et ouvrier.

Après le stage, débutait un congrès à l’ordre du jour chargé, avec plus d’une dizaine de textes et motions. Malheureusement, un seul texte a pu être discuté et mis au vote lors du congrès, les débats houleux ayant porté sur une toute autre question.

L’origine des tensions remonte à octobre où des militants et militantes d’un syndicat d’île-de-France avaient dénoncé des pratiques jugées contraires aux principes d’indépendance syndicale, d’antisexisme et d’antiâgisme, visant alors plus précisément des militants du Courant communiste révolutionnaire, un courant du NPA. La création d’une commission de médiation pour résoudre la situation avait alors été décidée.

Elle n’a malheureusement pas résolu la question du fonctionnement en tendance du CCR car noyautée par celui-ci, rendant son bilan vide de toute analyse opportune. Les tensions ont même été amplifiées par la révélation de différents échanges mails entre des militants et militantes ou des mandaté-e-s fédéraux, posant des problèmes de transparence démocratique, au point que le congrès ne puisse se tenir.

Finalement, il a été décidé de tenir un congrès extraordinaire dans les prochains mois. Certains ont également appuyé l’idée ­d’une demande de médiation à Solidaires. Les tensions paralysant la fédération restent donc pour le moment en suspens.

Ce qui est certain c’est que le réel dépassement de ce conflit interne émergera des débats démocratiques au sein de chaque syndicat ainsi qu’à l’échelle de la fédération et non d’un quelconque courant politique. En écho à ces tensions, que l’on a pu trouver également dans une certaine mesure au sein de Sud-PTT, il s’agit donc de rappeler, en particulier aux militants qui voient le syndicalisme comme une courroie de transmission de leur organisation politique, que l’indépendance syndicale et l’autonomie du mouvement social ne sont pas des principes abstraits. Ils recouvrent également un intérêt politique et stratégique, celui d’éviter des positions dogmatiques et rigides déconnectées du terrain. Veiller à ce que des organisations ou des courants politiques ne s’octroient pas un droit d’ingérence par la création de tendances au sein des organisations syndicales, c’est veiller à ce que ces dernières puissent construire des lignes politiques autonomes, élaborées à partir du niveau de conscience réel des étudiants et étudiantes au fil des luttes.

Malgré tout, il faudra être présents sur les facs à la rentrée, ce que ne manqueront pas de faire les syndicats. Les raisons de mobiliser ne manquent pas : précarisation croissante, processus de regroupement des universités, solidarité internationale… Le dernier rapport de l’Inspection générale des finances préconisant d’élever les frais d’inscriptions à 1 000 euros en licence se situe d’ailleurs en parfaite adéquation avec les logiques portées par les gouvernements successifs. La nécessité de se doter d’un outil de lutte autogestionnaire reste donc impératif. La fédération Solidaires étudiant-e-s n’aura donc pas d’autre choix que de dépasser les tensions qui la paralysent aujourd’hui !

Des étudiants et étudiantes
d’Alternative libertaire

 
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