Congrès syndical : Solidaires dans un monde de brutes




C’est à Villefranche-sur-Saône dans le Rhône que s’est déroulé du 6 au 10 juin dernier le Ve congrès national de l’Union syndicale Solidaires. 300 délégué-e-s y ont débattu de ses orientations, de sa structuration et de son développement.

D’emblée le congrès a été posé comme un congrès « de croisière ». S’il n’y avait pas d’enjeux majeurs attachés à ce congrès, il aura néanmoins permis de faire un bilan d’étape nécessaire dans la construction de Solidaires, comme de confirmer les choix stratégiques de l’Union après le mouvement de l’automne 2010.

L’annonce du franchissement de la barre symbolique des 100 000 adhérentes et adhérents aura été particulièrement commentée dans la « grande » presse. Moins commenté, mais tout autant significatif, le fait que plus d’un tiers des adhérents de Solidaires soient désormais salarié-e-s du secteur privé confirme son implantation et sa progression réelle au-delà de ses bastions traditionnels du public (Impôts, PTT, Rail et Santé).

Le syndicat de la grève

Sans surprise, la question de la grève est restée un marqueur central du syndicalisme de lutte que veut construire Solidaires.

En affirmant que « L’arrêt de travail, qui plus est prolongé, demeure la preuve que les travailleurs-ses ont la main sur la production, l’économie, et qu’il s’agit en la bloquant, de remettre à l’ordre du jour l’inversion du rapport de force dans le travail », Solidaires lie l’action gréviste à son objectif de transformation sociale [1]. Il ne s’agit pas pour autant de nier les difficultés réelles qu’ont pu rencontrer les équipes syndicales Sud/ Solidaires de différents secteurs pour construire avec les salarié-e-s la grève reconductible lors du mouvement sur les retraites…

À partir de ce constat, il s’agit surtout de réfléchir à comment remobiliser les salariés. Pour cela, trois axes revendicatifs majeurs se sont détachés de ce congrès : la défense de la protection sociale, les salaires et la lutte sur les conditions de travail.

Quel syndicalisme alternatif ?

Mais déterminer des axes revendicatifs ne fait pas tout. Le véritable enjeu central pour Solidaires, ses syndicats et ses fédérations, est de construire aujourd’hui un outil interprofessionnel cohérent et pertinent pour l’action.

Ainsi le développement des Solidaires locaux reste considéré comme primordial, d’autant que leur réalité est très variée d’un département à l’autre. Il s’agit bien de développer la syndicalisation, d’ouvrir des perspectives aux travailleurs et travailleuses de se regrouper sur des bases de classe dans le cadre d’un outil syndical de lutte qui veut faire du syndicalisme autrement. Car « vouloir un syndicalisme de masse, ne signifie pas recentrer son discours et abandonner ses valeurs […]. C’est affirmer la nécessité d’un syndicalisme de classe, massivement implanté qui assure la défense quotidienne des salarié-e-s ». Dans quelques localités, des Unions locales, interpro de base, ont pu voir le jour.

Ce mouvement, timide, est néanmoins prometteur. Le confirmer c’est garantir l’existence de collectifs syndicaux et militants implantés et développant des pratiques, des discours, des stratégies syndicales de lutte, appuyées sur la grève et l’auto-organisation. Autant de structures qui constitueront autant de résistance à la volonté gouvernementale de « pacifier » le champ syndical, entre répression et intégration.

Théo Rival (AL Orléans)

[1Les textes du congrès de Solidaires sont consultables en ligne : http://www.solidaires.org/article36010.html

 
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