Contre les religions : Combattre tous les systèmes de domination




S’il est nécessaire de s’opposer à la stigmatisation des musulmans et des musulmanes, Alternative libertaire veut développer un combat contre tous les racismes et contre l’oppression religieuse. Nous en donnons ici les raisons.

Nous ne reviendrons pas ici sur l’analyse de Pierre Tévanian concernant la montée de la stigmatisation actuelle des musulmanes et des musulmans. Alternative libertaire partage cette analyse, en particulier quand la laïcité ou le féminisme sont appelés à la rescousse par la réaction pour montrer du doigt les personnes originaires d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire.

Ni loi, ni voile !

Pour autant, et c’est ce qui nous différencie de Pierre Tévanian, Alternative libertaire dénonce le piège tendu aux femmes prises entre le mépris républicain et la « tradition », qui leur impose le voile, parfois le niqab, symboles de domination sur le corps des femmes. Nous ne soutiendrons jamais aucune législation répressive sur ces questions, parce qu’elles répriment les femmes et qu’elles s’inscrivent dans une stigmatisation des populations issues des anciennes colonies. Mais nous n’entendons pas non plus taire nos critiques sur la place que les religions – toutes les religions – assignent aux femmes.

Les idéologies religieuses sont des systèmes complexes, récupérant à un niveau plus ou moins significatif des éléments « progressistes », voire « libérateurs ». Et régulièrement les institutions religieuses peuvent servir de « lieu d’organisation » des groupes sociaux dominés. Mais les religions, qui toutes appellent à la sujétion face à une divinité supérieure à l’humanité, ont été, sont et seront toujours des systèmes de domination.

Combattre tous les racismes

Le racisme est une réalité polymorphe. Son objet est toujours de stigmatiser une partie de la population. Au travers de discriminations et de violences symboliques et physiques, il s’agit de diviser la masse des dominé-e-s en fractions antagonistes. En Europe occidentale aujourd’hui, le racisme dominant désigne le paria sous les traits imprécis du « musulman » et enveloppe cet archétype de toutes les peurs de la société occidentale. Mais d’autres racismes perdurent et obtiennent parfois la vedette dans le système médiatique, à l’encontre des Roms, des juifs, des asiatiques, des populations noires des Dom-Tom... Le racisme est plus que jamais colonial. Et pour nous le combat antiraciste ne doit jamais cesser d’être global sous peine d’être affaibli.

Au final, notre combat contre tous les systèmes de domination nous impose une position complexe. Nous ne pouvons nous satisfaire d’une posture où l’islamophobie serait l’alpha et l’oméga de la lutte antiraciste. Nous ne pouvons pas mettre en veilleuse notre critique des religions, donc aussi de l’islam, parce qu’une partie significative de ces victimes du racisme, en particulier celles originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique noire, se reconnaissent dans cette religion.

Critiquer les religions, respecter les croyants

Affirmer « théoriquement » que nos camarades originaires d’Afrique du Nord comme d’Afrique noire, qu’ils-elles soient français-e-s ou pas ou encore qu’ils-elles soient musulman-e-s ou pas, sont nos égales et nos égaux n’est pas suffisant. Pour en faire une réalité il est nécessaire de les respecter y compris quand ils-elles sont croyant-e-s.

C’est ce respect qui permet d’avancer dans la construction d’un véritable échange et d’une solidarité dépassant les clivages « religieux », et ainsi de faire comprendre - et partager - ce qui fonde notre critique des religions. Face à la recrudescence du « religieux », le combat antiraciste trouve son prolongement dans une critique de tous les systèmes de domination et en particulier des traditions de domination sur les femmes et de la dépendance archaïque à la religion. Nous ne serons jamais les complices d’un système de domination pour en combattre un autre !

Jacques Dubart (AL Agen) et Laurent Esquerre (AL Paris Nord-Est)

 
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