Courrier d’une lectrice : l’obscure clarté de la pornographie féministe




Suite à l’article «  cadrages féministes pour un cinéma X  » dans Alternative libertaire de mars, une lectrice a souhaité réagir. Le mensuel Alternative libertaire publie des articles qui reflètent les orientations d’AL, mais il s’enrichit aussi parfois de points de vue et d’analyses autres, s’ils ne nous semblent pas antagoniques. Il est donc juste que certains articles fassent débat.

Commission journal d’AL

La pornographie serait ennoblie d’un nouveau genre  : la pornographie «  féministe  ». Les actes sexuels filmés seraient respectueux des femmes, centrés sur la diversité des corps et des désirs, loin des stéréotypes phallocrates de la pornographie grand public. C’est oublier que, quels que soient les adjectifs et les décors, la pornographie est avant tout de la prostitution filmée.

Étymologiquement, «  pornographie  » signifie «  représenter la prostitution  ». Il est d’ailleurs symptomatique que les défendeurs d’une pornographie dite «  féministe  » soient également favorables à la réglementation de la prostitution et contre la pénalisation des «  clients  ». Cette porno «  féministe  » est ­surtout une nouvelle niche commerciale pour consommatrices et consommateurs égocentriques  : elles et ils pensent se distinguer en revendiquant un usage de la porno comme on va au marché bio  : c’est plus safe et respectueux.

À bas «  les grandes productions capitalistes  » a t-on pu lire  ! Comment ne pas y voir une récupération de la puissance révolutionnaire du féminisme face au danger qu’elle représente pour cette industrie  ?

La pornographie est une composante du système proxénète qui repose sur l’exploitation sexuelle des femmes, comme la prostitution ou la GPA. Qu’elle se présente comme «  féministe  » ou non, quelqu’un.e rémunère une personne en échange de l’utilisation de son être et de son corps. Il s’agit d’une contrainte économique dans la très grande majorité des cas. La contrainte permettant de caractériser le viol, toute personne tirant profit de ces crimes (client.es, productrices.teurs, diffuseurs) en est complice.

Sophie Péchaud

 
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