Manifeste de l’UCL

Des valeurs pour un monde nouveau




L’avènement d’une société libertaire ne signifierait pas la fin de l’histoire et l’instauration d’un « paradis terrestre » ; des rapports de domination pourraient subsister ou ressurgir. Il demeurera important de mettre en avant des valeurs, de continuer à interroger des fonctionnements, des pratiques, et probablement de mener des luttes.

Lecture audio de ce chapitre :

Observations de tritons pendant la manif de victoire à Notre-Dame-des-Landes, en février 2018.
cc Daniel Maunoury

Le communisme libertaire vise à articuler le plus harmonieusement possible notre besoin d’appartenir à un collectif et nos aspirations à être reconnues et respectées dans notre singularité. Ce que nous visons, c’est une société où le chacun pour soi est remplacé par la coopération et l’entraide. Une société où il n’y a plus celles et ceux qui possèdent, et celles et ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose. Une société où il n’y a plus ni riches, ni pauvres. Une société où les ordres des minorités dirigeantes sont balayés par les choix collectifs, libres et assumés. Une société où s’équilibrent et s’épaulent mutuellement l’individu, le local, le particulier et le collectif, le social, le culturel : une société égali­taire et libertaire.

L’égalité et la liberté ne peuvent être effectives que dans une démocratie réelle qui empêche la reconstitution d’un nouveau pouvoir et de nouvelles oppressions, qui permette à chacune et chacun de faire valoir ses choix et ses aspirations. Le communisme libertaire, c’est la démocratie horizontale et directe ; le peuple souverain auto-institue la société, autogouverne sa politique, autogère sa production et plus globalement ­détermine ses besoins collectifs et les façons d’y répondre.

L’autogestion de la production, libérée des impératifs du productivisme et de la course au profit, peut enfin mettre au service des individus la recherche et les avancées techniques. Respectueuse de l’environnement, elle ouvre la voie à un rapport nouveau réintégrant la communauté des humains dans l’équilibre des écosystèmes.

Parce qu’il satisfait les besoins collectifs et qu’il est débarrassé du rapport d’exploitation, le travail peut prendre du sens, perdre son caractère aliénant, permettre à chacune et chacun d’accéder à la maîtrise de ses activités.

Émancipations individuelle et collective sont indissociables

La satisfaction égalitaire des besoins exprimés dans une société fondée sur l’émancipation des individus et des communautés de base ne signifie ni nivellement, ni uniformisation, et respecte la multiplicité des modes de vie, des goûts, des aspirations.

Le communisme libertaire, c’est le combat pour une société où les individus sont libres, égaux et responsables. ­Libres dans un monde où pèsent les nécessités matérielles, et dans une société où l’on participe aux tâches communes et aux responsabilités collectives. Libres de s’exprimer, de créer ; libres de leurs modes de vie, de leurs sexualités, de leurs cultures. Responsables, maîtres de leur travail, participant au côté de toutes et tous à l’autogestion de la production et de la société. Égaux à toutes et à tous, donc accédant à égalité avec toutes et tous à la répartition des produits du travail.

Pour favoriser cette res­ponsabilisation, une société autogérée doit rendre effectif l’accès à l’éducation, l’information et la culture sur des bases émancipatrices.

Le communisme libertaire, c’est la fin d’un certain ordre du monde. La fin du colonialisme et de l’impérialisme, au profit d’un rapport égalitaire et solidaire entre tous les peuples, fondé sur l’autonomie productive de chaque région, et le partage des richesses entre zones riches et zones pauvres. La fin de l’ordre étatique, au profit d’une fédération libre des régions autogérées. La fin des frontières et de la menace de guerre, pour un monde sans barrières et totalement démilitarisé.

Défendre une éthique

L’avènement d’une société libertaire ne signifierait pas la fin de l’histoire et l’instauration d’un « paradis terrestre » ; des rapports de domination pourraient subsister ou ressurgir. Il demeurera important de mettre en avant des valeurs, de continuer à interroger des fonctionnements, des pratiques, et probablement de mener des luttes.

L’ensemble de ces valeurs implique une cohérence entre les moyens et les fins sans laquelle il n’y a aucun espoir de vivre le communisme libertaire. C’est pourquoi, sans attendre un basculement révolutionnaire, nous tentons d’en faire vivre les finalités ici et maintenant, dans nos actions et nos engagements, dans nos espaces de vie et de lutte.

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