« Dévoilement, du Hijab à la Burqa », de Pierre Tevanian




Pierre Tevanian a écrit plusieurs ouvrages sur le thème du racisme et du voile et co-anime avec Sylvie Tissot le site Les mots sont importants (www.lmsi.net).

Il fait dans ce livre la démonstration que l’interdiction du voile à l’école –et donc l’interdiction faite aux mères d’élèves voilées d’accompagner des sorties scolaires ou la loi sur les nounous – et de la burqa dans l’espace public n’a rien à voir ni avec la défense des femmes contre l’oppression, ni avec la défense de la laïcité mais plutôt avec le racisme.

Après un historique qui remonte au dévoilement (orchestré par des Françaises et les Français) de femmes algériennes en 1958, il pointe les paradoxes des arguments pro-interdiction.

Il épingle les féministes ou pro-féministes qui ne s’intéressent pas à l’inconfort des habits ou à l’oppression qu’ils symbolisent quand il s’agit de mini-jupe ou talons hauts – ou du moins qui n’en demandent évidemment pas l’interdiction – ou qui ne disent rien du blanchiment de la peau ou du défrisage. Il s’élève contre la punition de femmes présentées comme victimes ou même comme malades. Il pointe les étranges alliances et le fait qu’être de l’avis des réacs UMP ou des éditocrates devraient alerter les personnes de gauche.

Il remonte aussi aux racines de la laïcité – neutralité de l’espace public – et décrit sa dérive vers une nouvelle laïcité (neutralité du public dans l’espace public). Cette nouvelle laïcité qui pourrait être un totalitarisme si elle ne s’appliquait pas à une seule partie de la population.

Il ironise sur le nouveau concept de « confiance biologique », confiance impossible à établir si on ne voit pas le visage de l’autre. Il explique l’acceptation du corps enseignant qui n’était pas demandeur par un racisme post-colonial de colons blancs – les enseignantes et les enseignants n’habitent pas les quartiers pauvres – en terre indigène considérée comme hostile.

L’indifférence de la gauche à la déscolarisation de centaines de jeunes filles et la violence collective infligée aux femmes voilées sont également rappelées.

« Ce ne sont ni la servitude volontaire, ni l’aliénation, ni l’enfermement, ni l’incommodité physique, ni la honte de soi, ni le masquage du visage, ni la dissimulation des cheveux qui posent problème – puisque tout cela est parfaitement toléré, voire encouragé, lorsqu’on reste dans un cadre blanc et occidental. Ce qui pose problème est, justement, le caractère non blanc et non occidental du hijab ou du niqab. »

Christine (AL Orne)

  • Pierre Tevanian, Dévoilements : du Hijab à la Burqa, Libertalia, 2012, 160 pages, 8 euros
 
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