Dico anti-étatique : « L’Etat providence »




Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible.

On considère généralement que les premières lois sociales ont été édictées par Bismark afin d’éloigner les ouvriers de l’influence socialiste. En France, c’est au début du XXe siècle, à l’initiative des radicaux-socialistes, et de la doctrine solidariste (qui marque la théorie des services publics en France), qu’est voté en 1910 la première loi sur les retraites. Il est admis généralement que c’est en Angleterre, après le Seconde Guerre mondiale, suite au rapport de Lord Beveridge, que nait le Welfare State (Littéralement : « État du bien être ») qui constitue le modèle de l’État providence. En France, également après le Seconde Guerre mondiale, dans la lignée du programme du Conseil national de la résistance, se met en place une série de mesures sociales : assurance maladie, assurance chômage...

Après la période des Trente glorieuses (1945-1975), dominée par des politiques d’inspiration keynesienne, l’arrivée au pouvoir de Magaret Tatcher et Ronald Reagan marque le retour triomphal des politiques économiquement libérales. Celles-ci aboutissent en particulier à prôner d’une part une réduction des déficits publics et d’autre part une gestion de l’État calquée sur les méthodes du secteur privé (nouveau management public dont l’expression actuelle en France est la Révision générale des politiques publiques – RGPP).
Cependant, les grandes grèves de décembre 1995 symbolisent l’organisation d’un mouvement de résistance à ces politiques. Mais ce mouvement est marqué par la notion d’antilibéralisme. Celle-ci se trouve liée en particulier à l’analyse de Pierre Bourdieu qui oppose un État répressif (la main droite de l’État) qu’il faut combattre et un État social (sa main gauche) qu’il faut défendre.

Néanmoins une telle thèse d’un point de vue communiste libertaire ou anarchiste apparaît discutable. En effet, dans cette dernière conception ce n’est pas uniquement l’État répressif qui doit être combattu, mais l’État dans toutes ses dimensions. Car celui-ci désigne un type d’organisation politique centralisé et hiérarchisé. À ce modèle s’oppose, pour les anarchistes, le fédéralisme libertaire, forme d’organisation politique décentralisée et autogérée organisée du bas vers le haut. Au contraire de l’État liberal, le fédéralisme libertaire repose sur des formes de solidarités sociales et géographiques. À la différence de l’État social, ces services publics ne sont pas organisés par des représentants politiques et des experts technocrates, mais sont soumis au contrôle direct des populations en privilégiant des formes de services publics au plus proche des usagers et des usagères.

Il ne s’agit donc pas dans une telle conception de défendre un État social, mais de penser des services publics non-étatiques, autogérés par les salarié-e-s et contrôlés par les usagers et les usagères.

Irène

 
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