Dico antisécuritaire : Qu’est-ce que la social-démocratie ?




Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible

« Espèce de soce-dém ». Parfois on y rajoute « sale », parfois l’insulte se suffit à elle-même. Dans le petit milieu révolutionnaire, il n’y a guère que « social-traître » qui ait plus mauvaise presse. Mais enfin, qu’est-ce donc qu’un « soce-dém », dont la seule évocation fait hérisser le poil de tout révolutionnaire qui se respecte ?

Quand on insulte quelqu’un en le ou la traitant de « soce-dém », cela revient à indiquer qu’il ou elle serait social-démocrate. Mais qu’y a-t-il de si horrible à se faire assimiler à un militant ou une militante de cette tendance politique représentée aujourd’hui par le Parti socialiste ?

Pour bien comprendre le pourquoi du comment, il faut faire un bref historique de cette tendance politique. Au commencement, il y avait le marxisme. Suite à la scission d’avec le courant anti-autoritaire de Bakounine 1, les marxistes se répartissent entre révolutionnaires et réformistes au sein de la IIe Internationale (la socialiste). La Première Guerre mondiale et surtout la révolution bolchevique de 1917 mettent fin à l’Internationale et les tendances réformistes et droitières se
retrouvent sans les révolutionnaires au sein de l’Internationale ouvrière socialiste (dont fait partie la SFIO française). L’arrivée sur le devant de la scène des différents partis communistes, soutenus par l’URSS, oblige les différents partis se revendiquant du socialisme à affirmer leurs différences, notamment sur la question de la violence, de la révolution, de la manière d’arriver au pouvoir. Les termes de « social » (pour socialiste) et « démocrate » (par opposition au communisme), commencent à être accolés, notamment dans les pays scandinaves. La Seconde Guerre mondiale et le stalinisme mettent fin aux références marxistes chez les sociaux-démocrates (Guerre froide oblige). C’est à partir de là que réformisme et social-démocratie vont se confondre : l’objectif n’est plus de dépasser le capitalisme et d’installer une société nouvelle, mais bien de « corriger » les erreurs par des réformes sociales.

Depuis, les principaux partis de gauche en Europe et dans le monde se sont convertis à cette vision plus porteuse électoralement que la rupture révolutionnaire contre le capitalisme. Selon le dogme social-démocrate, qui nous est généralement ressorti à chaque grève ou à chaque réforme contestée, il vaut mieux négocier que lutter, « sauver » les retraites en faisant travailler plus les travailleurs et les travailleuses au lieu de faire cracher les capitalistes et surtout, s’inspirer des pays scandinaves. Une fois l’argument sorti, plus aucun autre n’a voix au chapitre.

En France, il n’existe pas, à proprement parler, de parti social-démocrate et le PS remplit très bien ce rôle. Pour la petite histoire, il a existé un Parti social démocrate français, fruit de scissions du PS dans les années 1970. Il a été présidé par l’ex-ministre de Sarkozy et grand amateur de cigares, André Santini. Une preuve de plus que la social-démocratie n’a rien de bien séduisant pour une militante ou un militant qui voudrait, ne serait-ce qu’un minimum, améliorer la condition des travailleurs et des travailleuses.
On peut comprendre alors que pour un révolutionnaire, être appelé « soce-dém » peut légèrement énerver.

 
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