Biographie

Dossier Palestine : Lire : Georges Habache, « Les révolutionnaires ne meurent jamais »





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Publiées peu de temps après son décès, ces mémoires de Georges Habache, fondateur en 1967 du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et son secrétaire général jusqu’en 2000, sont d’abord le parcours d’un enfant de Palestine, dont la « catastrophe », la Naqba, va transformer la vie.

Né en 1926 à Lydda dans une famille chrétienne orthodoxe, il sera vite contraint à l’errance. L’impuissance de la résistance palestinienne, la passivité des régimes arabes qui conduisent à la défaite de 1948 et à l’exil, l’enragent et déclenchent son engagement pour libérer son pays.

En 1951 il participe à la fondation du Mouvement nationaliste arabe (MNA). Son idéologie panarabe et progressiste s’incarne alors dans le président égyptien Nasser, héros anticolonialiste et tribun des peuples opprimés. Le MNA et Georges Habache joueront notamment un rôle dans le combat pour l’indépendance du Yémen. L’échec de Nasser et la défaite de la guerre des Six Jours en 1967 radicalisent Habache et d’autres dirigeants palestiniens à gauche. Ils n’entendent plus déléguer à un quelconque état arabe le sort du peuple palestinien ; c’est celui-ci – et particulièrement sa classe ouvrière – qui doit devenir le moteur de sa propre libération. C’est sur ces bases qu’est fondé en décembre 1967 le FPLP qui incarne toujours le courant socialiste, laïque et démocratique du mouvement de libération de la Palestine et se bat pour la création d’un État unique et laïc où athées, juifs, chrétiens et musulmans vivraient à égalité.

En 1970, l’histoire s’accélère en Palestine. Alors que le roi Hussein de Jordanie veut se débarrasser de la présence des feddayin sur son territoire, le FPLP inaugure sa stratégie de détournement d’avions de ligne occidentaux et de prise d’otages. Installé au Liban après Septembre noir, le FPLP est alors la deuxième force politique après le Fatah de Yasser Arafat. Georges Habache joue à Beyrouth un rôle de premier plan dans la résistance à l’invasion israélienne de 1982. Mais la chute du bloc soviétique le prive d’une manne financière et logistique, et le déclin du socialisme, a fortiori dans le monde arabe, l’affaiblit considérablement, tandis que le Hamas monte en puissance.

Le livre consacre de nombreux passages à l’alliance entre FPLP et partis islamistes, à la pénétration de ces idées dans ses rangs et au danger potentiel pour la société future.

Le parcours de Georges Habache et la ligne du FPLP ne sont d’ailleurs pas exempts de contradictions. Car si l’organisation est clairement pour la démocratie dans le monde arabe, elle a toujours entretenu des liens avec des régimes autoritaires. Mais même affaibli, le FPLP est toujours une force politique et militaire de la résistance, fidèle au socialisme et à la révolution.

Clément Garnier (AL Paris-Sud)

  • Georges Habache, Les révolutionnaires ne meurent jamais. Conversations avec Georges Malbrunot, Fayard, 2008, 326 pages, 20 euros.
 
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