Dossier antifascisme : Violences fascistes : Ils ne frappent pas au hasard !




En marge des récentes manifestations homophobes, l’agression de deux personnes le 17 avril dernier dans un bar gay de Lille par trois boneheads (skinheads d’extrême droite) a mis en lumière, du fait d’une couverture médiatique nationale, le retour d’une pratique constitutive de l’extrême droite  : les intimidations et violences physiques.


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Sur fond de recomposition de l’extrême droite radicale, les nationalistes, identitaires, solidaristes, catholiques traditionalistes et autres nostalgiques du pétainisme se livrent à une surenchère militante pour s’assurer une position dominante à droite du Front national. Avec pour conséquence directe la multiplication des provocations et actions coup de poing, souvent largement relayées par Internet sur la fachosphère [1].

La propagation de la peur est un moteur efficace de mobilisation à l’extrême droite et la thématique de l’«  islamisation » supposée de la société un outil de propagande passant par des actions parfois spectaculaires comme l’occupation du chantier d’une mosquée à Poitiers en octobre 2012 par Génération identitaire. De fait, ces dernières années, nombre de lieux de culte musulmans, mosquées ou salles de prières, ont été saccagés ou recouverts de tags en tous genres : croix gammées ou celtiques, Sieg [2] et autres éléments visuels du folklore du nazillon de base. Mais tous les militants fascistes ne sont pas versés dans la décoration et certains préfèrent les vieilles bonnes actions à l’ancienne  : intimidations verbales et physiques de personnes racisées comme récemment à Lyon (en novembre et décembre 2012 puis en mai 2013) de la part de militants du Groupe union défense (Gud) local.

Les questions ayant trait aux libertés sexuelles excitent tout autant l’extrême droite, essentiellement des groupes proches des traditionalistes catholiques comme en témoignent les tentatives de perturbation de manifestations de type marche des fiertés lesbiennes, gays, bi, trans ou intersexes, ou les prières de rue devant des hôpitaux pratiquant des IVG. En février 2010 huit plaintes avaient été déposées suite aux agressions subies lors d’un kiss-in organisé sur le parvis de Notre-Dame le jour de la Saint-Valentin. À Paris toujours, l’année dernière, des incidents ont eu lieu en marge de la Gay Pride aux abords de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

La stratégie de la terreur

Mais c’est encore les milieux libertaires et d’extrême gauche, parce qu’ils sont les plus actifs dans l’antifascisme, qui voient leurs militants et militantes et/ou sympathisants, leurs locaux ou tout simplement des lieux publics dans lesquels ils ou elles ont leurs habitudes, être les cibles de choix des agressions des fascistes. En décembre 2011 puis mars 2012, des lycéens du Lycée autogéré de Paris (le Lap) sont agressés par des militants du Gud, à Toulouse les locaux de la CNT sont pris pour cible en mai 2011, un mois plus tard à l’occasion de la fête de la musique c’est un concert de Zep que des Identitaires tentent d’interrompre à coup de torches fumigènes. À Besançon, en juin 2012, des «  expéditions punitives  » de boneheads dans des bars ou sur des terrasses de cafés sont même filmées par les agresseurs eux-mêmes puis diffusées sur internet.

Ces actes ne sont malheureusement pas isolés et on note sur le terrain une recrudescence des actes de violence commis et revendiqués par des groupuscules d’extrême droite contre leurs ennemi-e-s désigné-e-s  : les racisé-e-s, les homosexuel-le-s, les «  gauchistes  »... mais jamais l’État ou le capital  !

Un militant antifasciste

[1Regroupement des outils informatisés (blogs, sites web, comptes Twitter ou Facebook) utilisés comme relais d’idées ou moyens de contact par l’extrême droite pour communiquer et propager ses idées

[2De l’allemand «  victoire  », en référence au salut nazi Sieg Heil.

 
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