Edito : Contre TOUS les racismes




1980 : 300 000 personnes descendent dans les rues de Paris pour protester après l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic. Les années 80 sont aussi marquées par les marches des jeunes issu(e)s de l’immigration contre le racisme et pour l’égalité des droits, mais aussi par les manifs anti-FN qui attirent des dizaines de milliers de personnes jusque dans les années 90.

1990 : 400 000 personnes font de même après la profanation de tombes juives au cimetière de Carpentras.

Lors de ces mobilisations qui ont marqué la vie politique et les luttes sociales de ce pays, on ne se demandait pas s’il fallait se mobiliser pour une forme de racisme plutôt qu’une autre.

À travers le combat contre la haine raciste qui pouvait toucher une communauté ou des individus pour leurs origines, il s’agissait bien de remettre en cause toute forme de violence et de discrimination raciste.

Quelques années plus tard ce principe ne fait plus sens pour toutes celles et ceux qui veulent communautariser le combat antiraciste, et donc l’instrumentaliser à des fins tout autres que le combat antiraciste.

De ce point de vue la décision de SOS Racisme d’organiser dimanche 16 mai une manifestation contre le seul antisémitisme est un précédent extrêmement grave pour une organisation qui se réclame de l’antiracisme. Une telle dérive doit interpeller l’ensemble des organisations progressistes.

Une initiative consternante alors que des violences racistes visent aussi bien les juifs que les Arabes ou les musulmans et que la grande majorité de la classe politique est engagée dans une campagne raciste antiturque (après celle qui prenant prétexte du port du voile a abouti à une loi antilaïque et pseudoféministe stigmatisant les musulmans) qui donne envie de vomir.

Autant d’actes et de propos criminels qui doivent être dénoncés avec une même énergie.

L’autre motif d’inquiétude, c’est l’apathie de la société française.

La profanation du cimetière juif d’Herrslisheim n’a entraîné que de faibles réactions dans la population.

Celles qui ont frappé des cimetières musulmans ainsi que les dégradations et les attentats contre plusieurs mosquées ont suscité l’indifférence des autorités comme de la population.

Une langueur et une léthargie qui viennent souligner a posteriori le caractère passager de l’antiracisme et de l’antifascisme qui se sont exprimés dans les manifestations de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle.

Il est donc urgent de redonner des repères et de remobiliser contre le fascisme et contre tous les racismes, mais aussi contre tous ceux qui les attisent.

C’est d’abord dans la rue, les quartiers, les écoles et les entreprises qu’ils doivent être combattus et défaits. Nulle part ils ne doivent pouvoir exprimer librement leur idéologie de haine.

C’est l’exemple qu’ont donné les libertaires, à l’appel du SCALP et de la CNT en empêchant une manifestation néonazie de se tenir le 9 mai dernier dans les rues de Paris.

C’est un exemple tout aussi éclatant qu’ont donné les antifascistes et antiracistes britanniques en chassant Le Pen de Grande-Bretagne et en menant actuellement une campagne obligeant les municipalités à dénoncer les contrats qui les lient à des entreprises proches des partis fascistes britanniques.

Réveiller les consciences et remettre antifascisme, antiracisme et combat pour l’égalité des droits au cœur du débat politique, c’est ce que doit viser la grande manifestation que plusieurs organisations, dont Alternative libertaire, comptent organiser et pour laquelle il faut d’ores et déjà mobiliser fortement.

Alternative libertaire, le 17 mai 2004

 
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