Édito : Liquidons le capitalisme !




La voie est tracée jusqu’en 2007. Ce sera donc plus de libéralisme pour les patrons et l’ordre sécuritaire pour tous les autres de gré ou de force. Autrement dit, c’est bien un véritable fascisme de marché qui est en marche et que la droite entend nous imposer au pas de charge.

Du reste pour annoncer son programme politique de Villepin n’a pas lésiné sur les métaphores militaires, trouvant même des accents napoléoniens (« 100 jours pour réussir ») pour qualifier son train de contre-réformes. Sarkozy, en grande forme, en fait lui aussi des tonnes dans le même registre utilisant un langage en tous points identique à celui de l’extrême droite lorsqu’il parle de « nettoyer » les cités.

Pour autant ce langage martial ne parviendra pas à cacher le gouffre dans lequel la politique libérale des Jospin, Chirac, Sarkozy et Seillière nous a entraîné. Car s’il y a un constat à formuler, c’est bien celui d’une faillite dont les représentants de la bourgeoisie entendent bien faire payer le prix fort aux jeunes, aux travailleur(se)s, aux chômeur(se)s et aux immigré(e)s.

Cette faillite est symbolisée entre autres par un déficit budgétaire de plus de 1 000 milliards d’euros. Le gouvernement en attribue du reste la responsabilité à la grande majorité de la population qui ne travaillerait pas assez et ne comprendrait pas que les services publics et la protection sociale relèvent d’un luxe qu’il n’est plus possible de se payer.

La droite nous refait le même coup que celui du trou de la Sécu. Cette faillite est pourtant de sa seule responsabilité. Ce gouffre est celui de 25 ans de cadeaux fiscaux et sociaux au patronat, mais aussi à l’armée et à toutes celles et ceux qui ont goûté aux délices des fonds spéciaux de l’Elysée et des ministères, et ce serait à nous de payer la note !!

50 milliards de fraude fiscale par ans + 50 milliards annuels de déductions fiscales au titre de l’impôt sur le revenu + des centaines de milliards d’euros consacrés aux différentes lois de programmation militaire + des milliards pour engraisser des générations d’énarques… et il faudrait faire payer les 90 % d’actifs qui relèvent du salariat. On croit rêver.

Alors oui nous avons bien compris le message. Ce que nous préparent aussi bien la droite que la « gauche » qui aspire à prendre leurs postes, c’est une liquidation des droits sociaux, des services publics, de la protection sociale et pour ce faire des libertés et de la démocratie, fût-elle seulement libérale.

Car de ce côté-ci de l’échiquier politique, les certitudes sont intactes après la gifle du 29 mai.

Du reste, le vote du 29 mai pourrait sonner le glas définitif d’une illusion, celui de la démocratie représentative, car pour la droite et pour la gauche libérale, un seul vote est légitime, celui qui consiste à approuver leurs orientations.

Aujourd’hui le problème est de savoir si le capitalisme nous entraînera dans sa faillite en nous écrasant sous le poids d’un régime de plus en plus autoritaire ou si c’est nous qui ferons de cette faillite un levier pour construire une alternative démocratique et autogestionnaire.

Le 29 mai a marqué un désaveu cinglant à un projet société capitaliste et libéral. Malgré des moyens sans précédent mobilisés par les partisans du oui, ce projet a été balayé. Mais ce vote n’aura servi strictement à rien s’il n’est pas relayé par une une insurrection populaire porteuse de transformation sociale.

L’été ne sera pas de trop pour débattre, s’organiser et se préparer à un véritable affrontement social avec les tenants d’un ordre de plus en plus honni et qui ne tient que grâce à notre incroyable abnégation.

Alternative libertaire , le 23 juin 2005

 
☰ Accès rapide
Retour en haut