Education : Les « stylos rouges » se cherchent encore




Les gilets jaunes ont fait des émules dans l’éducation  : depuis fin décembre, des groupes de «  stylos rouges  » se multiplient sur les réseaux sociaux. Professeur.es des écoles et enseignant.es du second degré se retrouvent derrière leur écran ou dans la vraie vie pour échanger des idées, proposer des actions et poser des questions. Éruption sans lendemain ou remobilisation  ?

Après la constitution d’un premier groupe national de stylos rouges, qui réunit maintenant près de 70 000 personnes, d’autres groupes se sont créés, académie par académie. Les revendications sont simples  : revalorisation du métier et des salaires, amélioration des conditions de travail et d’apprentissage. Rien d’inédit donc. La nouveauté, c’est que ces groupes réunissent de nombreuses personnes qui n’ont, jusque-là, jamais eu d’activité syndicale.

Face à cela, différentes réactions sont possibles  : les grincheux et grincheuses vont considérer que les stylos rouges réinventent l’eau chaude, que les modes d’action proposés sont trop timides (écrire une pétition) ou trop irréalistes (bloquer le bac), que certains débats ont déjà été réglés depuis longtemps par les organisations syndicales…

Des limites à pointer

Autant dire que si on veut faire progresser le taux de syndicalisation dans l’Éducation nationale, il faut une réaction un peu plus constructive, qui consiste à aller chercher les collègues là où ils en sont. Oui, les personnels de l’éducation sont en moyenne moins informé.es et ont une culture militante moins importante que les syndicalistes chevronné.es. Ce n’est pas une surprise. Mais plutôt que de prendre de haut des collègues qui commencent timidement à se mobiliser, il serait plus pertinent, pour les militantes et militants, de s’impliquer dans le débat, de répondre aux questions, de mettre en perspective les idées en s’appuyant sur la mémoire des luttes. Les propositions ne sont parfois pas novatrices («  il faut mobiliser les parents  »), les idées sont parfois franchement discutables («  faire grève ne sert à rien  ») et les modes d’action prêtent parfois à sourire («  organisons des corrections de copies collectives  ») mais l’essentiel est d’en discuter et de proposer de se réunir pour en rediscuter.

Reste qu’il existe plusieurs angles morts, en particulier en matière de catégories de personnels impliquées dans les groupes de stylos rouges. Le projecteur est en effet braqué sur les enseignantes et enseignants, alors que les personnels administratifs ou ouvriers, et les précaires dans leur ensemble ne sont pour l’instant pas du tout pris en compte.

Autre limite à pointer  : s’il faut veiller à ne pas sombrer dans la râlerie face à tout ce qui est nouveau, il faut en revanche rester vigilant.es face aux discours qui prétendent faire table rase de tout ce qui existe. L’enjeu est plutôt que le mouvement des stylos rouges et la mobilisation syndicale se rencontrent et se rejoignent. À nous d’y travailler.

Benjamin (AL Paris Nord-Est)

 
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