Luttes de territoire

En Aveyron, résister en élargissant les luttes




La lutte de territoire contre le mégatransformateur aux 1000 éoliennes de Saint-Victor et Melvieu (Aveyron) prend une nouvelle tournure [2]

Cette lutte dure depuis plus de dix ans. Cette durée s’explique par le grand nombre de recours contre ce projet. Ces recours sont aujourd’hui épuisés et les opérateurs sont sur le point de commencer les travaux.

Plusieurs plaignant.es ont eu gain de cause devant les tribunaux, ce qui a obligé RTE à opter pour d’autres sites d’implantation des éoliennes et lui a fait perdre beaucoup de temps pour accomplir les démarches légales et tenter d’acheter d’autres propriétaires en proposant des redevances contre mise à disposition des terrains devant accueillir les éoliennes.

L’Amassada [1], collectif d’opposant.es qui s’est rendu propriétaire d’une partie des terres agricoles convoitées par RTE pour installer le site du transformateur, a pris l’initiative d’actions pour empêcher l’enquête publique de se dérouler en novembre dernier.

Dans la foulée l’Amassada a lancé des actions de blocage du chantier des éoliennes de Crassous, hameau situé près de Saint-Affrique. Les opposant.es s’efforcent d’élargir leur combat en multipliant les actions à Saint-Affrique.

Le 2 décembre : emmurer RTE . Une action conjointe de collectifs contre Bure, NDDL, Roybon...

Répression

L’état ne reste pas inactif. Il a d’abord déplacé l’enquête publique à plus d’une heure de route de là dans le Nord du département.

Le site de Crassous a fait l’objet d’une mesure d’interdiction de stationner de la part de la mairie PS de Saint-Affrique. Le tribunal de grande instance de Rodez l’a imité en entravant la libre circulation aux abords du site dans le but d’empêcher les opposant.es, mais aussi des paysannes et paysans propriétaires des terres de s’approcher du chantier de défrichement de la forêt en vue d’installer les éoliennes industrielles.

Ces actions ont été surveillées par un dispositif de barrage et de filtrage mis en place par la gendarmerie. L’objectif était de relever les identités en vue de former des dossiers pour d’éventuelles de poursuites.

Cette militarisation du site s’est faite avec présence de 80 gendarmes pour s’occuper de 25 militantes et militants.

La criminalisation du conflit a démarré avec 15 convocations à la gendarmerie de Saint-Affrique pour une enquête préliminaire avec des charges retenues pour « vol et entrave avec voies de fait à la liberté du travail » (sic).

L’état veut frapper fort et vite pour faire taire les mouvements émergents. Il ne se contente pas de renforcer son emprise sur le territoire, il communique également pour tenter de diaboliser les opposant.es et ainsi intoxiquer l’opinion.



Pour cela il a décidé de mettre en place un état d’exception.

On voit bien que l’état d’urgence est devenu la règle et que pour les libéraux, quelle que soit leur sensibilité (PS, LREM, LR), l’état de droit et plus largement la démocratie libérale ne sont que des fictions qu’il s’agit de remettre en cause dès que les intérêts politiques, économiques et financiers sont en jeu.

Le contexte est d’autant plus tendu que tout le monde a en tête ce qui se joue à Notre Dame des Landes. L’état ne veut pas qu’il y ait d’autres ZAD en France et met les moyens pour essayer de contenir, voire d’étouffer la contestation là où elle se manifeste. Il anticipe aussi une victoire possible à NDDL et un redéploiement éventuel des forces militantes non sédentarisées sur d’autres sites.

Autre enjeu important de la lutte, c’est un laboratoire proposant des alternatives sur des terres collectives. Cela change les rapports entre populations, agriculteurs, agricultrices et opposant.es.

Cela ne signifie pas que ces alternatives seront forcément anticapitalistes, mais cela ouvre des champs du possible dans lesquelles l’autogestion et une écologie émancipatrices peuvent trouver leur place.

Larzac, NDDL et pourquoi pas Saint-Victor, citoyennisme et anticapitalisme se côtoient et se nourrissent de ces luttes. Les options ne sont pas les mêmes. Mais le terreau est favorable pour les partisan-e-s d’une transformation radicale de la société. A nous donc d’être présent-e-s, de tisser liens entre luttes de territoire, lutte de classes et plus largement luttes émancipatrices et de développer partout la solidarité.

Reinette noyée, avec AL Aveyron

[1Son blog : http://douze.noblogs.org

[2Lire aussi « Éolien industriel, une affaire de réseaux », Alternative libertaire, février 2017.

 
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