Film : Stéphane Brizé, « En guerre »




Après La Loi du marché, le réalisateur Stéphane Brizé nous présente En guerre, un autre film sur le monde du travail. Nous sommes au cœur d’un PSE, plan de sauvegarde de l’emploi… Vincent Lindon est délégué syndical CGT. Grève, occupation, manifestation… Tout est déployé pour lutter contre la fermeture de cette entreprise appartenant à une multinationale.

Xavier Mathieu, ex-délégué syndical chez Continental, a été conseiller technique et l’on ­retrouve bon nombre d’actions que « Les Conti » ont menées pour se faire entendre... Mais pas suffisantes pour pouvoir s’opposer à la fermeture de l’usine.

On y retrouve également des allusions à Air France dont le DRH avait eu la chemise déchirée, et le conflit chez PSA avec la présence d’un syndicat « de boîte » collaborationniste avec le patron.

Ce film montre les pouvoirs limités des salarié.es face à la justice qui n’annule pas le PSE alors que l’entreprise avait fait 18 millions d’euros de bénéfices l’année précédente…

Le PDG de la firme justifie la fermeture de la boîte en invoquant un taux de rendement trop faible pour les actionnaires. Il suit le « marché » et agit en toute légalité.

De son côté, le « conseiller du gouvernement » ne se veut pas trop « interventionniste » auprès du patron de cette même multinationale afin de ne pas donner une mauvaise impression aux « entrepreneurs » qui pourraient être étrangers. Et de rajouter qu’il est normal qu’une entreprise se crée… et ferme !

Face à cela, les salarié.es de la boîte n’ont que leur solidarité pour s’opposer à la fermeture de l’entreprise puisqu’ils n’ont d’aide ni de la justice, ni du gouvernement. Blocage de l’usine, blocage de la production, blocage des stocks, tout semble bien se passer jusqu’au moment où le syndicat réformiste et le syndicat « de boîte » se retirent de l’intersyndicale combattante. S’en suivent le déblocage de l’usine par les CRS et la reprise du travail pour une partie des salarié.es.

La fin tragique rend hommage à ce que vivent des milliers de salarié.es victimes de harcèlement et de licenciement. Il y a peut-être une autre vision de cet épilogue, plus optimiste…

Un film qui montre que le patronat peut légalement demander à des salarié.es de faire des sacrifices pour ensuite les licencier si le marché et les actionnaires considèrent qu’ils ne sont pas assez productifs.

Un film qui montre que la lutte ne se situe pas seulement au cœur de l’entreprise mais bien à l’extérieur et que c’est bien pour une autre société qu’il faut lutter, pour un autre partage des richesses, là où le monde capitaliste ne le permet pas.

François (CAL 30)

  • Stéphane Brizé, En guerre, mai 2018, 1h53
 
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