Foire à l’autogestion à Toulouse : Un succès politique et festif




Tous les ans le Bazar au Bazacle, collectif regroupant intermittent-es du spectacle, salarié-e-s de l’énergie, et militant-es culturels, associatifs ou syndicaux, organise son festival au parc des sports du Bazacle. Cette année, le Bazar au Bazacle accueillait la Foire à l’autogestion  : débats, concerts, ateliers, projections, organisés par l’équipe du Bazar et le collectif foire à l’autogestion (Les Alternatifs, Alternative Libertaire, Association pour l’Autogestion, Comités syndicalistes révolutionnaires, CGA, Fase, FA, MOC, NPA, le maquis (squat auto géré).

Le 1er mai, après la manifestation, un rendez-vous était donné à l’espace du Bazacle pour une table ronde sur l’histoire de l’autogestion, animée par la CGA, un militant de Solidaires et l’Association pour l’autogestion. Beau succès pour ce premier débat qui a attiré une centaine de personnes et a duré environ deux heures. Le record de fréquentation a été battu ce jour-là, mais tout au long de la semaine, chaque débat a attiré cinquante personnes par plage horaire. Les concerts et représentations théâtrales du soir faisaient une centaine d’entrée. Le public était assez varié, dont de nombreux jeunes et pas exclusivement militant. On estime que 1500 personnes sont passées sur les 5 jours.

Le débat du dimanche sur la convergence des luttes n’a attiré qu’une cinquantaine de personnes. Il était animé par un camarade des CSR et un autre de sud culture, de travailleurs de Freescale, de Pôle emploi et de la Fonderie de Fumel, qui ont parlé de leur lutte.

Bilan politique

L’ambiance générale a été très agréable  : pas d’incidents ou de problèmes graves qui ne soient survenus. Cependant il faut signaler que même dans des milieux militants, le sexisme est bien présent  : certaines camarades n’ont pas été épargnées par le machisme de festivaliers et l’atelier d’autodéfense féministe, organisé en non-mixité, n’a pas fait l’unanimité faisant l’objet de plaisanteries douteuses qui en disent long sur le manque de légitimité de ce genre de pratique.
Les deux projections débats (LIP  : l’imagination au pouvoir et Les femmes de la Bruckmann) organisées au cinéma l’Utopia, ont été bien accueillies et n’ont pas ramené que des militant-es.

La foire a permis que se côtoient aussi bien des militant-es libertaires que des membres d’organisations de la gauche autogestionnaire, des personnes impliquées dans les luttes associatives, culturelles, du logement, des syndicalistes et des sympathisant-es aux diverses luttes en cours. De nombreux et nombreuses participant-e-s ont pu échanger, lors des ateliers, sur des expériences concrètes d’expérimentations économiques et sociales actuelles mais aussi connaitre des pratiques tournant autour de l’autogestion des luttes, comme lors du dernier débat sur la convergence des luttes où des syndicalistes ont pu raconter concrètement comment se sont menée les luttes à la fonderie de Fumel et à Freescale. Dans celui sur «  municipalité et autogestion  », des divergences profondes ont pu se faire entendre. L’expérience de démocratie directe sur une votation indépendante des institutions qui avait empêché la destruction d’un immeuble dans le quartier populaire de Reynerie à Toulouse, contée par un camarade d’AL, rompait avec la légitimation des élus des Alternatifs auto-convaincus de leurs actions nécessaires au sein des Municipalités. Cependant sur l’ensemble des débats, les idées libertaires n’ont pas été très prépondérantes en tant que tel et cela aurait peut-être mérité plus d’implication dans le débat d’idée de la part des divers courants libertaires présent à cette Foire.

Des perspectives de lutte  ?

Le débat de Dimanche sur l’autogestion des luttes a permis de formuler une critique de la bureaucratie syndicale sans tomber dans l’anti syndicalisme primaire. Ce débat a confirmé la nécessité de trouver un lieu à l’image des bourses du travail du début du XIXe siècle qui soit un foyer d’expression comme d’action ou de réflexion, des militantes et des militants du mouvement social en lutte.

La convergence entre les luttes dans les entreprises comme de celles de mouvements sociaux, par exemple sur le logement, a été considérée comme nécessaire pour casser l’éclatement du mouvement social et développer solidarité et entraide de façon plus approfondie. La démocratie directe et une nécessaire gestion plus horizontale de la coordination des luttes a aussi été évoqué. Sans se concrétiser immédiatement, ces échanges nous ont permis de mieux nous connaître, pour préparer un avenir que dans cette période pleine d’incertitudes économiques, sociales et politiques, puisse émerger un véritable projet de société autogestionnaire anticapitaliste.
A la suite du débat sur le logement auquel participaient des militant-es des squats et la CGT construction, il a été décidé de refaire une réunion à laquelle seront invitées les amicales de locataires.

Une expérience enrichissante à renouveler.

Notre aide militante active, mais nous n’avons pas été les seuls, pour toutes les tâches (cuisine, propreté, sécurité...) a été appréciée par l’équipe du Bazar  : les conditions d’une collaboration renouvelée semblent être là, à nous de savoir si nous souhaitons poursuivre l’expérience. Pour cela des réunions communes de bilan avec le Bazar, mais aussi entre les organisateur-trices de la foire sont à l’ordre du jour pour voir si nous reconduirons l’expérience l’année prochaine. Peut-être qu’à cette occasion nous porterons plus notre projet de société communiste libertaire.

Nous avons oublié de donner les résultats de la rencontre de «  foot sans arbitre  ». Normal il n’y avait pas d’arbitre.

Aureline et Jean-Marc (AL Toulouse)

 
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