Fonction publique : Les fonctionnaires à l’amende




En multipliant les annonces à l’encontre de la fonction publique, le gouvernement d’Édouard Philippe flatte l’électorat de droite et cherche à faire croire que la seule manière de respecter la sacro-sainte règle de réduction des déficits publics est de ­sabrer dans la masse salariale.

La primaire de la droite pour la désignation du candidat à la présidentielle avait donné lieu à une formidable course aux annonces en matière de suppressions de postes de fonctionnaires : Fillon promettait d’en supprimer 500 000, Sarkozy 300 000, Juppé entre 250 000 et 300 000, quant à Kosciusko-Morizet, elle proposait de revenir sur le statut des fonctionnaires. Au-delà de cette surenchère, il faut remarquer que prendre fonctionnaires pour cible est une manière de flatter les opulents contribuables de droite qui voient rouge à l’idée que « leurs » impôts pourraient servir à payer des agents publics.

La première annonce de Macron, c’est la suppression de 120 000 postes sur l’ensemble du quinquennat : 50 000 dans la fonction publique d’État (c’est-à-dire les ministères et les services déconcentrés – rectorats, préfectures, etc.) et 70 000 dans la fonction publique territoriale (communes, départements et régions).

Entre 2006 et 2014, ce sont déjà 230 000 postes qui ont été supprimés dans la fonction publique d’État. Qu’il s’agisse de suppressions sèches ou de transferts à la territoriale – dans laquelle les salaires sont en moyenne moins élevés – l’objectif est le même : faire des économies. Derrière les chiffres, il y a une réalité : supprimer des postes dans la fonction publique d’État, c’est supprimer des enseignants et enseignantes, des inspecteurs et inspectrices du travail, des agents et agentes qui mettent de l’huile dans les rouages pour assurer un service public de qualité.

Gestion comptable

Dans la fonction publique territoriale, le gouvernement a choisi de baisser les dotations budgétaires de 13 milliards d’euros afin de contraindre les ­collectivités territoriales à réduire leurs effectifs. On peut déjà prédire les conséquences de cette politique : une surcharge de travail, des équipes sous pression et, au final, des dysfonctionnements qui vont peser sur l’ensemble de la population.

Deuxième annonce : le gel du point d’indice, c’est-à-dire le blocage des salaires des fonctionnaires. Depuis 2010, ce point d’indice était « gelé », c’est-à-dire qu’il n’évoluait plus (tandis que les prix, eux, continuaient d’augmenter). En 2016, pour préparer l’élection présidentielle à venir, deux timides augmentations de 0,6 % avaient été décidées par Hollande. Cette revalorisation, loin de compenser l’inflation, était encore trop forte pour le nouveau gouvernement qui, par la bouche de Gérald Darmanin, a annoncé un regel du point d’indice.

Comme si cela ne suffisait pas, les zélés redresseurs des comptes publics ont décidé de mettre une nouvelle fois les fonctionnaires à l’amende en rétablissant le jour de carence, c’est-à-dire en cessant de payer les fonctionnaires lors de leur première journée d’absence pour raison médicale. Le prétexte invoqué est fallacieux puisqu’il s’agirait ­d’une mesure d’équité avec les salarié.es du privé alors que, dans de très nombreuses entreprises, les jours de carence avant le versement des indemnités journalières sont prises en charge par l’employeur.

Le gouvernement fraîchement nommé par Macron a décidé de frapper fort : d’un côté, il essaie de faire passer une nouvelle réforme du code du travail ; de l’autre, il s’en prend à des fonctionnaires désigné.es comme des privilégié.es. La solution devrait donc être simple : pour contrecarrer les plans d’un gouvernement qui met en œuvre tambour battant son agenda libéral, il est impératif que les fonctionnaires et les salarié.es du privé refusent d’une même voix ces mesures antisociales, descendent ensemble dans la rue et fassent grève solidairement pour obliger Macron à revoir son programme.

Benjamin Bakin (AL Paris-Nord-Est)

 
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