G8 environnement : Les deux logiques des opposants




Lors des assises du développement durable, Roselyne Bachelot a annoncé la tenue d’un sommet des ministres de l’environnement du G8, les 25, 26 et 27 avril 2003, un sommet où il sera notamment question du rôle et de l’intervention des entreprises en faveur de la défense d e l’environnement. Assez vite, deux « antisommets » ont commencé à s’organiser, avec deux logiques différentes, à l’image de la préparation du contre-sommet d’Évian en juin prochain. Les militantes et militants d’AL se sont investis dans les deux collectifs.

Le Collectif angevin de lutte antiG8 (CALAG8) est un collectif d’individus, d’orientation rouge et noire, qui se situe dans la lignée du VAAAG, initié par No Pasaran. C’est le collectif dont nous nous sentons le plus proches, au niveau des thématiques (accent mis sur l’opposition à l’énergie nucléaire, le développement durable, la privatisation des ressources, les inégalités de nuisances environnementales en fonction des classes, la question d’un autre projet de société, etc.), et dont l’orientation pratique est intéressante (auto-organisation, autofinancement, mise en place d’une sorte de village autogéré, avec concerts, forums, films, etc., avec globalement un essai d’application directe des idées autogestionnaires). Il est à ce jour prévu deux séries de forums, concerts et actions (à déterminer) : les 4 et 5 avril, sur les thèmes des marées noires et de l’eau, et pendant le sommet G8 sur le nucléaire et le (fameux) développement durable.

Néanmoins, la seule participation à ce collectif ne nous satisfaisait pas car elle comportait le risque de se retrouver entre anarchistes, isolés du reste des opposants à ce sommet, bien que du côté du CALAG8, il n’y ait pas refus de se coordonner avec le collectif plus large, tout en restant autonome.
Le piège du consensus

Nous avons donc aussi essayé de peser autant que possible dans l’autre collectif, le « G-Monde Environnement », initié par ATTAC, et qui rassemble individus, assos, syndicats et partis politiques. Dans notre esprit, il est nécessaire de participer à ce collectif large, pour faire avancer les idées communistes libertaires dans des débats avec des militantes et militants du mouvement social, mais aussi pour faire contrepoids aux tentatives de la « gauche plurielle » de se refaire une virginité ou de prendre les rênes de ce mouvement « altermondialisation » qui est encore peu clair sur son orientation. Nous sommes donc intervenus au sein du G-Monde dans cette perspective, en tant que membres du collectif anticapitaliste « Résister-Lutter pour un autre monde », initié par des membres de l’AL et de la LCR, et rassemblant un peu au-delà (modestement) .

Notre appréciation de cet « alter-sommet » G-Monde reste mitigée, au jour d’aujourd’hui. La plate-forme reste assez molle et consensuelle, voire incongrue (pas de mention du nucléaire, et mention d’EDF comme service public menacé par la privatisation), pas de remise en cause du productivisme, peu de choses sur les projets alternatifs, bien que le collectif veuille apparaître positif et pas seulement oppositionnel. C’est d’ailleurs un aspect gênant que le manque de combativité de ce collectif qui semble rétif à toute logique confrontative, et qui risque de passer un peu à côté du sommet (le lieu choisi pour les forums est à 15 km d’Angers, avec une grosse manifestation prévue l’après-midi alors que le sommet se déroulera pendant les matinées !!!). La présence dans ce collectif de membres ou sympathisant(e)s des partis de l’ex-« gauche plurielle », avec parfois des militants habiles dans les pratiques douteuses, explique en partie ces aspects. D’autant que certains verts intervenant au G-Monde sont aussi dans l’équipe municipale, le maire d’Angers ayant accepté d’accueillir le sommet, et celui de Murs-Érigné (des Verts) accueillant le contre-sommet (nul doute qu’il saura se faire mousser).

Globalement les partis de gauche, surtout les Verts, essaient de se redéployer dans ce collectif en particulier par leurs relais associatifs et ou syndicaux, ce qui nuit à la radicalité de l’ensemble. C’est un peu moins vrai du PS inexistant dans les débats, sinon pour se défendre (il est vrai, et nous y avons contribué, qu’ils ont été tout de suite mis à l’index au vu de leur bilan ; on peut d’autant plus regretter que la même méfiance ne s’exerce pas autant envers les Verts et le PC).

Malgré tout, ce collectif a tout de même des aspects positifs. Les débats sont en général animés de manière correcte et ouverte par les gens d’ATTAC.
La parole est assez libre, de réels débats peuvent avoir lieu, les décisions sont prises en AG. Cela nous a permis d’avancer plusieurs propositions (« nous » signifie le collectif Résister-Lutter), avec plus ou moins de succès.

Quelques exemples : le débat sur la présence dans le collectif des partis politiques qui n’ont finalement été admis que de justesse ; nous avons pesé pour que soit affirmées l’illégitimité du G8, l’opposition au « capitalisme » et non au seul « libéralisme », et, dans les commissions, pour débouter les Verts qui voulaient imposer leurs ténors dans les forums. Finalement nos interventions ont été remarquées, souvent mieux que cela, même, mais nous ne nous faisons pas trop d’illusions sur ce collectif qui ne peut qu’être assez consensuel, ni sur notre poids en son sein.

Pour terminer sur ce contre-G8 angevin, il y aura certainement aussi une manifestation à Angers le 26 avril au matin avec un forum de rue, avant le gros cortège de l’après-midi. Enfin, aux dernières nouvelles, le centre-ville va être complètement bouclé par les forces de l’ordre, avec badges de contrôle pour les riverains, et 5 000 CRS attendus. Les saigneurs de la planète pourront ainsi saigner en profitant tranquillement de la fameuse « douceur angevine ».

Olivier, le 13 mars 2003

 
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