Gaz de schiste : Gisements inépuisables d’hypocrisie




Sarkozy avait rappelé, en décembre dernier, son opposition à l’exploitation des gaz et pétroles de schiste. Mais à côté des vagues promesses politiciennes, gouvernement et UMP ne cessent de donner des gages de bonne volonté aux industriels.

« Comment sortir de l’interdiction française ? » Telle est la question posée par le Club énergie et développement 1, au cours de son dernier colloque annuel, organisé à Paris le 17 janvier 2012. L’événement se plaçait sous le haut patronage du premier ministre François Fillon, et de son acolyte Éric Besson. Il n’est pas inutile de rappeler la présence de la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui complétait le tableau. De quoi démontrer, si le besoin s’en faisait encore sentir, vers où se portent les inclinaisons du gouvernement et de l’UMP en ce domaine.

Le menu était alléchant. Au programme, bienfaits du nucléaire, privatisation de l’hydroélectrique et capitalisme « vert ». Côté invités, du beau linge : tout un parterre de patrons, de directeurs et de sous-directeurs, venus vanter les mérites de leurs entreprises respectives. Les frais d’inscription – compter tout de même 90 euros par personne – achevaient de décourager d’éventuels opposants.

Faute de pouvoir interpeller directement technocrates et ministres, les collectifs d’Île-de-France ont tenu un contre-colloque le même jour, qui a rencontré un franc succès.

Une fois encore, la droite démontre l’ambiguïté de son discours. D’un côté, il s’agit d’endormir la méfiance, par des demi-mesures inadaptées et des effets d’annonce. De l’autre, la porte reste grande ouverte aux industriels du secteur et à leurs projets destructeurs.

En décembre dernier, lors d’une visite-éclair aux Vans (Ardèche), Nicolas Sarkozy avait pourtant réaffirmé son opposition à l’exploitation des gaz et pétroles de schiste, mais il s’était bien gardé de donner la moindre garantie, en vue d’une abrogation durable de tous les permis en cours.

Maintenir une mobilisation populaire

Le président avait d’ailleurs tout fait pour balayer d’avance la contestation, et avait placé la petite ville en véritable état de siège. Un contre-rassemblement, organisé par les collectifs locaux, a certes réuni plusieurs centaines de personnes… mais à trente kilomètres de la commune. Quant à la vingtaine d’habitants qui ont osé manifester sur place leur mécontentement, ils ont été brutalement dispersés par les forces de police ou arrêtés et placés en garde à vue – le temps que Sarkozy puisse, comme à son habitude, parader dans le village désert.

Le double jeu du pouvoir est manifeste. Son but ? Endormir la vigilance pour mieux défendre les intérêts des entreprises, indépendamment des conséquences désastreuses des méthodes d’extraction. À l’heure où, en Amérique et en Europe, l’exploitation des gisements est pointée du doigt pour les pollutions qu’elle génère, le gouvernement français et les entreprises du secteur tentent de sauver ce qui peut encore l’être.

Or, ce ne sont pas seulement des contre-rassemblements entre élus qui permettront de damer le pion au patronat et à l’État. Sans doute est-ce là une des limites du mouvement actuel, qui peine parfois à relancer la mobilisation populaire, grâce à laquelle le gouvernement avait reculé en 2011.

Boris (AL Paris Sud)

 
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