Grèce : Comment Goldman Sachs a vendu le pays au FMI




Dimanche 2 mai, les ministres des finances de la zone euro ont décidé d’activer le plan de soutien à la Grèce en échange d’une politique d’austérité sans précédent dans un pays européen. Lumière sur une des plus grandes escroqueries des marchés financiers depuis la faillite de l’Argentine.

En 2001 la Grèce falsifie son budget pour entrer dans la zone euro, soumise à des critères d’admission en matière de déficit budgétaire. Par un procédé complexe d’échange de devises, Goldman Sachs permet au gouvernement de masquer l’ampleur réelle du déficit et en contrepartie la banque récupère plus de 300 millions de dollars de commission. Elle poursuivra ensuite son rôle de conseil auprès de l’Etat grec jusqu’en novembre 2009, date à laquelle une équipe de Goldman Sachs aurait proposé au gouvernement un outil financier permettant de repousser à nouveau le poids de la dette. Mais la Grèce refuse.

Creuser la dette pour payer les financiers

Ainsi en 2001, le déficit de la Grèce se situait officiellement en dessous de 3 % du PIB, conformément aux critères d’admission de l’UE, et sa dette publique se situait en dessous de 60 % du PIB. Quand, à l’automne 2009, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou décide de faire la vérité sur le déficit budgétaire, celui-ci est réévalué à 13 % et la dette publique, à 113 %. A partir de ce moment, les marchés financiers commencèrent à prendre peur, la sanction sur les obligations d’Etat fut immédiate et la spirale infernale se mit en marche.

A la merci de Goldman Sachs

Car plus les spéculateurs vendent de la dette et plus les taux d’intérêt grimpent. Le pays doit donc emprunter à des coûts de plus en plus élevés pour payer ses créanciers, creusant d’autant le déficit. L’agence de notation financière S&P décida d’enfoncer le clou en baissant la note de la dette grecque au rang d’ « obligation pourrie », renforçant leur vente et la hausse des taux d’intérêts.

Ceux-ci atteignent actuellement les 9,7 %, soit trois fois son plancher de septembre 2005.

Autrement dit, il est désormais trois fois plus onéreux pour la Grèce de se refinancer sur les marchés.

Mais l’escroquerie ne fait que commencer car aux problèmes de paiement et de manipulation des chiffres s’ajoute un deuxième processus : Goldman Sachs est soupçonnée d’avoir joué la dette grecque à la baisse. Cela consiste à emprunter un titre contre le versement d’un intérêt, le vendre, attendre la baisse effective pour le racheter et le rendre à son prêteur en ayant réalisé un profit. Depuis 10 ans, Goldman Sachs conseillait le gouvernement grec. Elle connaissait autant, sinon mieux, que le gouvernement actuel la réalité de la situation financière du pays. Elle a donc utilisé ces informations sensibles pour parier allègrement sur la baisse des obligations et profiter de la crise grecque. Et au même moment, en tant que banque de conseil, elle se voyait confier un rôle majeur dans le plan de restructuration de la dette par le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou.

Sous contrôle du FMI

Pour regagner la confiance des marchés et celle des Etats européens, le gouvernement met en place les drastiques plans d’austérité de février et mars 2010 puis se met en quête d’argent frais. Mais les taux d’intérêt continuent à grimper et les pays de la zone euro tardent à prendre une décision.

Le premier ministre Georges Papandréou menace donc de faire appel au FMI, ce qui serait un véritable affront pour l’Union européenne. Des tractations ont lieu et débouchent le 2 mai sur un crédit de 110 milliards d’euros dont un tiers pris en charge par le FMI. En contrepartie, le gouvernement s’engage à saigner le pays par une série de mesures dont l’application sera étroitement surveillée : nouvelles diminutions des primes de la fonction publique, gel des salaires, renforcement de la flexibilité du marché du travail, réformes des retraites et hausse de la TVA. Un détail intéressant, le pays supporte les plus fortes dépenses militaires de tout le continent. Or ni la France ni l’Allemagne n’ont suggéré à Athènes de faire des économies sur son budget militaire, et pour cause : ces deux pays sont les principaux vendeurs d’armes à la Grèce.

François (AL Paris Nord-Est)

 
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