Guerre : Le double jeu de Chirac




En approuvant la déclaration 1441 de l’ONU Chirac s’est rallié au principe d’une guerre préventive en Irak. Depuis, la droite s’efforce de préparer une population majoritairement opposée à cette guerre annoncée. En France comme ailleurs, la mobilisation antiguerre exerce une pression de plus en plus forte sur les gouvernements et montre qu’il est possible d’empêcher cette guerre.

La guerre en Irak serait une catastrophe, non seulement pour le peuple irakien, mais pour tous les peuples de la région. Les risques d’extension du conflit sont importants, n’oublions pas la guerre du Vietnam qui finit par se propager au Laos et au Cambodge. Ici même, au cœur des puissances impérialistes, la guerre aurait des conséquences néfastes, en particulier pour les plus pauvres. En première ligne depuis le 11 septembre, les personnes originaires du Maghreb et du monde arabe seraient victimes d’une nouvelle montée de racisme.

Et pourtant en France jusqu’à présent la mobilisation n’a pas été à la hauteur de l’enjeu, alors que l’opinion publique est majoritairement opposée à cette folie. Il faut y voir un effet néfaste du double jeu de Chirac qui se met en scène dans une posture gaullienne mais qui a déjà décidé d’y aller si Bush met ses menaces à exécution. Les gesticulations françaises à l’ONU ont abouti à la résolution 1441 qui reste dans la logique de guerre. En imposant des conditions draconiennes au régime de Bagdad, dans le but d’acculer Saddam à la faute, la moindre entorse à un article secondaire de la résolution donne le prétexte aux États-Unis d’intervenir, avec la bénédiction de l’ONU. Non seulement elle donne un vernis de légalité internationale aux ambitions des USA, mais elle leur donne le temps nécessaire pour acheminer une armada autour de l’Irak qui sera opérationnelle à la mi-février.

Il ne faut donc pas se laisser abuser, la France participera à la guerre, il en va des intérêts supérieurs d’Elf Totalfina qui a mis tout son poids dans la balance pour cela. Car les Américains ont été très clairs : pas de participations à la guerre, pas de participation à la rente pétrolière. L’Irak possède les deuxièmes plus importantes réserves de pétrole après l’Arabie Saoudite. Comme d’habitude, l’État français choisit le camp des multinationales contre le camp des populations. Aux premières les bénéfices de la guerre, aux secondes les sacrifices. À moins que… la pression d’une population française majoritairement hostile à la guerre amène Chirac à opter pour la neutralité.

« Dommages collatéraux »

Avec la loi de programmation militaire adoptée fin 2002, la droite emboîte le pas aux États-Unis en augmentant fortement les budgets militaires dans le but de financer les opérations extérieures (guerres et occupations) nécessaires au maintien de la domination des pays les plus riches, et au maintien de la France dans ce petit club très fermé. Une intervention en Irak ne ferait qu’alourdir une facture déjà coûteuse : bases en Afrique, occupation de plusieurs pays issus de l’ex-Yougoslavie, de l’Afghanistan depuis l’hiver 2001, de la Côte d’Ivoire depuis quelques mois. Cette politique fait aussi des victimes en France, la hausse du budget de l’armée s’est faite au détriment des budgets sociaux, tel celui de l’éducation comme les pions et les emplois jeunes ont pu le constater. Une intervention militaire en Irak accentuera cette tendance. Les économistes ont commencé à évaluer le prix d’une guerre : l’attaque contre l’Irak coûterait entre 50 et 150 milliards d’euros, l’occupation qui la suivrait entre 70 et 500 milliards, à partager entre les différents agresseurs.

Mais ses évaluations ne tiennent pas comptes des coûts indirects, en particulier de la hausse des prix du pétrole et de ses retombés négatives sur tout un tas de secteurs économiques déjà en crise. La guerre est synonyme de baisse des budgets sociaux mais également de vagues de licenciements et en fin de compte d’une progression de la misère. Nous sommes toutes et tous des victimes potentielles d’une guerre contre l’Irak. C’est une raison de plus de se mobiliser pour éviter le pire, travailleurs, précaires, chômeurs, exclus nous devons choisir notre camp celui des peuples contre celui des multinationales du pétrole !

Hervé (AL Marseille)


<titre|titre=Salariés et syndicalistes contre la guerre>

Les syndicats français ont été jusqu’à aujourd’hui assez discrets sur la question de la guerre en Irak.

CGT, FSU et Union syndicale G10 Solidaires et CNT ont participé depuis octobre à plusieurs manifestations. Mais force est de constater que la mobilisation syndicale a été modeste depuis quatre mois. Pourtant les travailleur(se)s et les chômeur(se)s sont essentiellement celles et ceux qui feront les frais d’une politique qui priorise l’effort de guerre sur les budgets sociaux et publics.

C’est pour favoriser l’expression et la mobilisation sur ces questions chez les chômeur(se)s et les travailleur(se)s qu’une dizaine de syndicalistes affiliés à l’Union syndicale G10 Solidaires (qui rassemble notamment les SUD), la CGT, la CFDT, la FSU et FO et impliqué(e)s pour la plupart dans la Coordination Île-de France des comités antiguerre ont lancé un appel « Tous ensemble contre la guerre en Irak ».

Un appel qui dénonce la politique belliciste en Irak mais s’en prend aussi au ralliement des autorités françaises et à leur politique coloniale en Côte d’Ivoire. Il propose à tous les travailleur(se)s et les chômeur(se)s de s’opposer massivement à cette guerre et de participer aux différentes manifestations prévues à ce jour. Il suggère également l’opportunité de débrayer et de se mettre en grève en cas de déclenchement d’une offensive militaire en Irak.

Une assemblée de signataires se tient à Paris le 29 janvier.

 
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