féminisme

Hidalgo et les fachos, main dans la main contre le Nyansapo Fest




Un tollé dans la fachosphère, la Ville de Paris qui embraye, puis rétropédale... Un épisode qui en dit long. Rappelons que la non-mixité n’est pas un objectif de société, c’est un outil qui permet aux personnes concernées par une oppression spécifique de s’organiser entre elles.

Pendant la campagne présidentielle, toutes les personnalités de « gauche » ou presque, tous les grands penseurs du Parti socialiste, se prétendaient à la pointe du combat contre l’extrême-droite. Un mois plus tard, ils reprennent les mensonges de la fachosphère concernant un festival afroféministe, le Nyansapo Festival.

Le collectif Mwasi, un collectif militant de femmes noires, notamment coorganisateur de la Marche de la dignité et contre le racisme du 31 octobre 2015, est à l’origine de ce festival qui aura lieu en juillet. Il a pour but de « construire des stratégies et des solidarités durables » autour des oppressions spécifiques subies par les femmes noires.

La fachosphère a dénoncé, sur les réseaux sociaux, un festival « interdit aux Blancs » le 26 mai. Ce qui aurait pu, et dû, n’être repris que par les élus du FN, tel Wallerand de Saint-Just, a en fait permis à certains de se faire un peu de pub à bas coût en cette période électorale. Quelques « intellectuels de gauche » comme Raphaël Enthoven ou encore Joann Sfar reprennent l’expression à leur compte pour mieux dénoncer le « communautarisme » ou encore le « repli identitaire ». Quant à la maire de Paris, Anne Hidalgo, elle déclarait vouloir faire interdire le festival !

Mais qu’en est-il vraiment ? Le festival est organisé en fait en différents espaces, certains réservés aux femmes noires (80% du festival), d’autres réservés aux personnes noires, d’autres aux femmes racisées, et d’autres enfin ouverts à toutes et à tous.

Cette pratique de la non-mixité, qu’elle soit basée sur le genre ou sur tout autre caractère social, est un classique dans les milieux militants. Elle existait aux États-Unis dans le mouvement pour les droits civiques des années 1960 (où certaines réunions étaient réservées aux personnes racisées), dans les milieux féministes français dès les années 1970 (où certaines réunions étaient réservées aux femmes), et est encore fréquemment utilisée aujourd’hui.

Il faut préciser que la non-mixité n’est pas un objectif de société, c’est un outil qui permet aux personnes concernées par une oppression spécifique de s’organiser entre elles.

Le festival n’est donc pas « interdit au Blancs ». Certains espaces sont réservés aux Noirs et excluent donc les Blancs, certes, mais personne ne souligne qu’ils excluent les Maghrébins, les Asiatiques, ou encore les hommes noirs pour ceux réservés aux femmes noires.

Il est terrible de voir des personnalités « de gauche » reprendre ce mensonge de l’extrême droite pour jouer sur les peurs. Ce n’est pas une première, loin de là, mais il faut dire et redire que l’on ne peut pas se prétendre antifasciste d’un côté et jouer sur les peurs fascisantes de l’autre. Que l’on ne peut pas utiliser les voix des personnes racisées pour se faire élire un jour, et leur dire qu’elles exercent un repli identitaire le lendemain, quand ce qu’elles cherchent à faire, c’est s’organiser pour lutter contre les oppressions multiples que les fachos et la gauche de gouvernement contribuent à pérenniser.

Nous soutenons résolument l’auto-organisation des opprimé.es et nous tenons à exprimer toute notre solidarité aux organisatrices et organisateurs du festival Nyansapo [1].

Alternative libertaire, le 31 mai 2017

[1Il est possible de soutenir financièrement le festival.

 
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