Le Dico antipatriarcat : Qu’est ce que le féminisme ?




Le féminisme est un mouvement qui s’est développé au XIXe siècle, pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes (droit au travail, de vote, à l’éducation, contrôle de leur corps…) et dont les contours théoriques actuels, bien que divers, sont en grande partie issus du Mouvement de libération des femmes (MLF) des années 1970. Il conteste à la fois le patriarcat (système politique et économique reposant sur l’exploitation des femmes par les hommes) et le sexisme (qui justifie les inégalités par un ensemble de préjugés associant à chaque genre des qualités et des défauts innés). Par conséquent, au-delà de l’aspect politique, économique et social, les féministes posent aussi la question de l’exploitation domestique et sexuelle, affirmant que « le privé est politique ».

Mais ce mouvement connaît dès le départ une très grande diversité d’analyse et de stratégie. Faut-il dénoncer le conditionnement social, ou revaloriser les rôles attribués aux femmes, jusque là dénigrées ou invisibles (cette seconde position se désolidarisa finalement du féminisme) ? Quels rapports entre la lutte féministe et la lutte contre le capitalisme ? Si le féminisme « libéral » se contente de revendiquer l’égalité des femmes devant la loi, d’autres posent aussi la question de l’exploitation économique.

Mais, pour les féministes lutte de classe, les problèmes des femmes sont des conséquences du capitalisme, alors que les féministes radicales dénoncent une oppression spécifique. La place des hommes dans ce combat pose aussi question. Si la non-mixité a souvent été utilisée pour permettre l’auto-organisation des femmes face à la mauvaise foi des hommes qui les accusaient de diviser le prolétariat, le lesbianisme radical l’a poussé jusqu’à son paroxysme. Plus récemment, le féminisme pro-sexe a remis en cause la position anti-prostitution et anti-pornographie d’une grande part du mouvement qui dénonce quant à lui la marchandisation de la sexualité.

Aussi, les problématiques ont beaucoup évoluées. Jusqu’à l’obtention du droit de vote en 1944, les principales revendications portaient sur l’égalité des droits. Après Mai 68, la perpétuation des rapports de domination dans les luttes fit prendre conscience que l’oppression des femmes n’était pas soluble dans l’anticapitalisme. Le MLF est né ainsi de la volonté d’une lutte autonome et mena le combat de la libre disposition de leur corps par les femmes (droit à l’avortement, lutte contre le viol et les violences). Depuis les années 1980, le mouvement a continué d’évoluer : prise en compte du racisme dans l’oppression des femmes issues des minorités, questionnements plus identitaires (mouvement queer). Aujourd’hui, les médias laissent entendre que le féminisme n’a plus de raison d’être. Mais les inégalités sociales restent bien réelles : temps partiels, double journée, précarité et salaires globalement inférieurs. La crise risque de ne pas arranger les choses. Et les fermetures de centres IVG nous rappellent que, sans un combat constant, le patriarcat pourrait bien vite remettre en cause les victoires passées.

 
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