Février 2011

Qu’est-ce que le féminisme ?




On entend parler du féminisme et on croit trop souvent qu’il n’y a plus besoin de se battre maintenant contre le sexisme ou le patriarcat (voir les définitions au verso). Mais les inégalités existent toujours, elles doivent encore être combattues, et pas seulement dans les mentalités ! Alors que pouvons-nous faire ?

Si l’on écoutait les médias, il n’y aurait plus besoin de se battre aujourd’hui mais quand on regarde les chiffres, on se rend compte que l’égalité hommes-femmes est loin d’être évidente dans la réalité, même si elle est censée exister sur le papier : les hommes touchent en moyenne 37% de plus que les femmes ! Non seulement on refile beaucoup plus de temps partiels aux femmes mais en plus elles sont moins payées que les hommes pour faire le même boulot.

Il ne faut donc pas s’étonner de voir qu’en 2007, le montant des retraites des femmes ne représentait que 56 % de celles des hommes (et ce n’est pas près de s’arranger…) ! Tout commence dès les études où les garçons sont majoritaires dans les filières “prestigieuses” (par exemple dans les écoles d’ingénieurs ou à l’ENA) alors que les filles sont plus nombreuses dans les facs de lettres ou de sciences sociales.


Mais ce n’est pourtant que la partie visible d’une exploitation beaucoup plus importante et qui repose sur le travail domestique :
on ne le remarque même pas tellement on trouve ça normal, mais il suffit de regarder autour de soi ! On constate qu’il y a une séparation entre les tâches faites par les femmes et les tâches faites par les hommes et ce sont souvent les hommes qui en profitent : les femmes passent quatre fois plus de temps à faire le ménage et deux fois plus à s’occuper des enfants. Elles consacrent en moyenne 1h30 de plus par jour aux tâches domestiques ! Pour schématiser, les femmes s’occupent du quotidien et remplissent les tâches les moins prestigieuses alors que les hommes font ce qui se voit et ce qui dure (le bricolage par exemple).

Il n’y a rien de naturel à faire le ménage ou à s’occuper des enfants ! Si certains pensent que les femmes sont faites pour ça, c’est parce que la société donne un rôle à chaque sexe : partout, on nous répète depuis que nous sommes petits que les garçons et les filles sont totalement différents. Au lycée par exemple il y a 90% de garçons en STI et 84% de filles en L !

A Noël, on achète aux filles des poupées et des dinettes pour les préparer à leur futur rôle tandis que les garçons reçoivent des voitures et des pistolets. On fait bien comprendre aux enfants qu’ils doivent rester dans leur rôle : les filles trop rebelles sont des « garçons manqués » alors que les garçons trop sensibles sont des « tapettes ».


Toutes ces images renvoient à des inégalités bien réelles et à des violences dramatiques :
chaque année des femmes meurent des suites des coups qu’elles ont reçus, sans compter toutes celles qui sont victimes de violences physiques et psychologiques au quotidien. Cette domination brutale s’est longtemps accompagnée d’une domination légale et les femmes ont très longtemps été considérées comme inférieures aux hommes par la loi : les femmes mariées ne peuvent gérer elles-mêmes leur salaire que depuis 1907, n’ont le droit de vote que depuis 1944 et ont dû attendre 1975 pour que l’IVG soit légalisée !

Encore aujourd’hui, des conservateurs cherchent à empêcher la libération des femmes, à contrôler leur sexualité et à leur imposer des normes morales et religieuses complètement tyranniques. Et pendant ce temps-là, les politiques libérales de destruction des services publics conduisent à des fermetures de centres IVG, ce qui augmente encore les difficultés pour avorter, en particulier pour les femmes qui n’ont pas les moyens d’aller dans des cliniques privées.

Pourquoi lutter ?

Si nous nous débarrassons du sexisme, tout le monde serait gagnant : les filles, bien sûr, qui ne seraient plus limitées à des rôles passifs et inférieurs mais aussi les garçons, qui ne seraient plus obligés de devoir tout le temps être forts et virils. On ne peut pas compter toutes celles et tous ceux qui se sentent mal dans leur peau à cause du sexisme, qui ressentent la pression de la société (la famille, les amis, l’école, etc.), font des dépressions ou vont jusqu’à mettre fin à leur jours parce qu’ils/elles ne peuvent pas assumer le rôle qu’on veut leur donner.

Il faut donc combattre les préjugés sexistes partout où ils existent, combattre les normes morales et religieuses que cherchent à imposer les conservateurs et défendre des relations égalitaires entre les hommes et les femmes. Les femmes doivent pouvoir disposer de leur corps comme tout le monde et les attaques contre le droit à l’IVG doivent être combattues. Nous sommes libertaires, c’est-à-dire que nous sommes contre toutes les formes de domination et que nous voulons une société où chacun serait libre de ses choix, dans le respect des autres.

Mais cette lutte contre les clichés du sexisme doit s’accompagner d’une lutte contre le patriarcat, c’est-à-dire contre l’exploitation et la domination des femmes. Il faut l’égalité entre les hommes et les femmes non seulement dans la sphère publique (à l’école, au travail) mais également dans la sphère privée (à la maison) !

Enfin, on doit réaliser qu’en combattant le sexisme et le patriarcat, on doit aussi combattre le capitalisme car ce système économique profite de toutes les inégalités qui existent dans la société pour réduire les salaires et rendre les conditions de travail plus difficiles : les patrons (qui sont majoritairement des hommes…) sont toujours bien contents de refiler les temps partiels et les emplois précaires aux femmes et ne leur donneront jamais de responsabilités car elles « risquent » d’être enceintes ! De même, c’est à cause des politiques libérales que le système de santé se détériore et que les centres IVG ferment.

Comment lutter ?

Pour lutter à la fois contre le sexisme et contre le patriarcat, on peut agir tout seul, par son comportement individuel (à la maison ou au lycée, à la fois chez les autres et chez soi parce que personne n’est parfait) mais on peut aussi agir collectivement, en discutant de tous ces problèmes en petits groupes, en essayant d’organiser des débats ou d’autres événements dans son lycée, en prenant contact avec des associations féministes (si vous ne savez pas où chercher, demandez-nous !) ou avec des organisations politiques qui luttent contre la domination des femmes par les hommes. Des collectifs ont ainsi été créés pour empêcher la fermeture des centres IVG et il existe de nombreuses associations pour la défense des droits des femmes. C’est en luttant collectivement que les femmes ont conquis le droit de vote et la légalisation de l’IVG... et il y a encore plein de raisons de se bouger !


PETIT DICO FÉMINISTE

 Le sexe et le genre
Le sexe c’est la différence anatomique, biologique, entre les hommes et les femmes. Le genre c’est l’ensemble des différences sociales (dans la morale ou l’éducation, au travail, à l’école, dans la politique) qui se rajoutent à la différence biologique et qui servent très souvent à pourrir la vie des femmes… et des hommes !

 Le sexisme
C’est l’ensemble des préjugés qui associent à chaque genre des qualités et des défauts innés. Les préjugés sexistes séparent les « valeurs féminines » (instinct maternel, douceur) et les « valeurs masculines » (courage, fierté) et créent des images collectives où les femmes sont dévalorisées.

 Le patriarcat
C’est un système politique et économique qui repose sur l’exploitation des femmes par les hommes. Dans ce système, l’homme (le « père de famille ») gagne de l’argent et fait de la politique tandis que la femme (la « mère de famille ») travaille pour son mari en s’occupant des tâches domestiques.

Albertine (février 2011)
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