Les Classiques de la subversion : Rosa Luxemburg par John Peter Netti




La réédition de la biographie de Rosa Luxemburg par les éditions Spartacus est l’occasion de chroniquer cet ouvrage qui permet de retracer l’ensemble des débats, et des évènements qui marquèrent le mouvement révolutionnaire du début du vingtième siècle. Seront abordées la révolution russe de 1905, les grandes controverses sur le révisionnisme, la grande trahison de la social-démocratie lors de la guerre de 1914 et enfin les révolutions russes et allemandes au cours desquelles Rosa Luxemburg connaîtra une fin tragique.

Rosa Luxemburg n’a pas 20 ans quand, déjà militante, elle fuit la Pologne russe où elle est née pour étudier en Suisse. Là, elle partage avec d’autres militants de la même origine une vision spécifique de la lutte pour le socialisme qui l’amène à rejeter le combat pour l’indépendance de la Pologne, à rompre pour cette raison avec le Parti socialiste polonais. Elle s’installe ensuite en Allemagne pour participer aux combats du SPD qui est alors, par sa taille et sa cohérence, le modèle pour tous les partis de l’Internationale socialiste. Pour mieux comprendre la suite, il faut savoir que ce parti ouvrier regroupe aussi bien révolutionnaires que réformistes. Elle y devient propagandiste, journaliste, mais aussi enseignante.
On pourra regretter que sa place en tant que femme soit relativement peu abordée alors qu’elle sera régulièrement en butte à des attaques dues à son sexe.

Au sein du SPD, elle contribuera de manière décisive au combat contre le révisionnisme qui prétendait « réviser » la doctrine de Marx en montrant que le socialisme viendrait par la lutte pour les réformes et non par la révolution. La Révolution russe de 1905 sera pour elle l’occasion de théoriser la grève de masse en tant que moyen d’action politique.
Ses positions radicales la rendront de plus en plus isolée au sein du SPD. Celui-ci, dans une dérive droitière, soutiendra pleinement la guerre de 1914-18 au coté de l’Allemagne. Elle en sort et participe à la structuration d’une opposition révolutionnaire autour du groupe Spartacus, dont l’action culminera lors de l’hiver 1918-19. Peu après avoir fondé le KPD (Parti Communiste Allemand), Rosa Luxemburg trouvera la mort en janvier 1919 aux mains des Corps Francs (groupes paramilitaires contre révolutionnaires) qui sont alliés à ses anciens camarades du SPD.

On trouvera dans cet ouvrage la description d’une pensée communiste très différente du léninisme. Rosa Luxemburg ne voit pas la révolution comme résultat de l’action du parti représentant une avant-garde seule à même d’en diriger et d’en contrôler le processus. Au contraire, elle la voit comme le résultat d’une dynamique où les conseils de soldats, d’ouvriers, de paysans, qui pratiquent la démocratie de masse, jouent un role déterminant, sans élite dirigeante.

Matthijs (AL Montpellier)

• John Peter Nettl, Rosa Luxemburg, Les Amis de Spartacus, 2012, 568 pages, 28 euros

 
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