Lire : Jean-Pierre Hirou, « Du trotskysme au communisme libertaire »




Jean-Pierre Hirou. Ce nom ne dira pas grand-chose au jeunes générations militantes et rien du tout au grand public. Pour autant, Jean-Pierre était un militant. Il comptait parmi nos ami(e)s jusqu’à ce qu’il décède prématurément le 3 novembre 2001 à l’âge de 53 ans.

En 1963, alors qu’il fait ses études au lycée Condorcet à Paris, il décide de rejoindre Voix ouvrière qui, après sa dissolution en 1968 par le pouvoir gaulliste, devient Lutte ouvrière (LO).
Il y milite jusqu’en 1979.

En 1968 il est étudiant à Nanterre, il y rencontre notamment Jean-Pierre Duteuil (Mouvement du 22 mars, actuellement à l’Organisation communiste libertaire) qui devient dans les années 90 son éditeur. [1]

En 1973, il devient professeur de Lettres-histoire dans l’enseignement technique et rencontre Michèle, qui milite aussi à LO, et devient sa campagne.

De 1970 à 1979, il devient un des principaux rédacteurs de Lutte ouvrière et rédige des articles sur la situation politique et sociale en France, l’actualité internationale ou encore sur l’histoire du mouvement ouvrier.

Du trotskysme au communisme libertaire est un recueil de textes qui englobe tous les articles de cette période ainsi que celle (1985-2001) pendant laquelle il collabore à Courant Alternatif (pour l’essentiel), Alternative libertaire ou Radio libertaire.

Car dès 1979, Jean-Pierre et Michèle rompent avec LO, rejettant alors son opportunisme mais aussi l’autoritarisme de ses dirigeant(e)s. Tout en restant marxiste, Jean-Pierre se rapproche des libertaires. Il se dit explicitement communiste libertaire.

Pour autant, il ne rejoint aucune organisation. Ce qui caractérise alors ses écrits et ses activités militantes, c’est son absence de sectarisme.

Il discute avec les militant(e)s d’AL, de l’OCL, de la FA, mais aussi de LO et de la LCR. Sans faire abstraction des différences, il milite pour un rapprochement des militant(e)s et des courants révolutionnaires. Une ouverture d’esprit et une absence de sectarisme qui étaient alors assez rares pour devoir être soulignées.

C’est ce qui l’amène à adhérer au Cercle Daniel Guérin tout au long de ses deux ans d’activités (1989-1991).

Dans le recueil de ses écrits publiés par Acratie, plusieurs textes témoignent de son intérêt porté aux débats entre militant(e)s révolutionnaires, aux tentatives de regroupements, même lorsqu’il s’agissait d’initiatives limitées et locales.

Parmi les autres points forts de cet ouvrage on retiendra ses analyses sur les pratiques et la stratégie de Lutte ouvrière.

Enfin, on lira avec un tout aussi grand intérêt et quelques frissons dans le dos, ses lettres consacrées à l’élimination de militants trotskystes par le Parti communiste français entre 1938 et 1944.

L.E.

  • Jean-Pierre Hirou, Du trotskysme au communisme libertaire, Itinéraire d’un militant révolutionnaire, Acratie, 2003, 283 pages.

[1Jean-Pierre Hirou, Parti socialiste ou CGT ? (1905-1914). De la concurrence révolutionnaire à l’Union sacrée, Acratie, 1995.

 
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