Loi famille : Sous la coparentalité, le masculinisme




La défense des privilèges masculins prend souvent des chemins détournés et la bataille politique autour de la garde des enfants après une séparation en est un exemple. Retour sur dix ans de mesures antiféministes, sous couvert de défense des droits des enfants.

La législation autour de l’enfant et de la famille est souvent sourde aux revendications féministes. Alors que les associations dites familiales, dont les associations de défense des droits des pères comme SOS Papa, sont sollicitées dans l’élaboration des lois sur la famille, ce n’est pas le cas pour les associations féministes. La loi de 2002 relative à l’autorité parentale ne fait pas exception, puisque, selon les dires de l’association elle-même, « le texte se rapproche des souhaits émis par SOS Papa ». Depuis cette date, la résidence alternée après une séparation ou un divorce, est facilitée, entre autres parce qu’elle peut être imposée, à titre provisoire, par les juges aux affaires familiales (JAF).

Droits des enfants ou droits des pères ?

Les défenseurs des droits des pères, qui se sont rendus célèbres en escaladant grues, cathédrales ou autres monuments dans le courant de l’année 2013, s’accaparent la sympathie du public, des médias et des politiques grâce à des discours prônant la « coparentalité ». Vouloir partager les responsabilités et les devoirs à l’égard des enfants, ça semble évident à l’heure des « nouveaux pères » (pourtant plutôt rares...).

Alors personne ne comprend bien pourquoi les féministes, qui passent du coup pour de vieilles grincheuses anti-hommes, se sont opposées à un amendement à la loi sur la famille, déposé par plusieurs associations masculinistes visant à rendre la garde alternée automatique après un divorce !

Si cet amendement n’a pas été retenu dans la version finale de la loi, adoptée en juin 2014, cette loi répond en partie aux revendications masculinistes, puisqu’elle renforce l’autorité parentale conjointe après une séparation.

Par exemple, le parent qui a la garde, ne peut déménager ou changer l’enfant d’école sans l’autorisation de l’autre parent. La loi prévoit que si un des conjoints est condamné pour violences, ces dispositions ne s’appliqueront pas. Mais lorsque l’on sait la difficulté à faire reconnaître et condamner ces violences, surtout si elles ne sont « que » psychologiques, on peut douter de l’efficacité de cette précaution.

Le couple parental à tout prix

Qu’on se le dise : ce n’est pas la résidence alternée le problème. Le problème, c’est de vouloir préserver coûte que coûte le « couple parental », même après les violences, qui sont souvent sous-estimées et considérées comme des « conflits » par les JAF ou les médiateurs et médiatrices familiaux.

Si certaines femmes sont totalement opposées à la résidence alternée, ce n’est pas parce que des féministes leur ont lavé le cerveau, mais bien souvent parce que rester en contact avec leur ex-conjoint les met en danger, elles, et également leurs enfants. Depuis la loi de 2002, les associations féministes n’ont cessé d’alerter sur les possibles dangers de l’imposition de la résidence alternée sans plus de réflexion : les violences conjugales ne cessent pas avec la séparation, au contraire c’est souvent à cette occasion qu’elles s’amplifient et sont parfois mortelles.

Dans ce contexte, les enfants deviennent un moyen pour les hommes violents de garder le contrôle et de continuer d’exercer une pression, voire de la violence, sur leurs ex-conjointes. La résidence alternée et la coparentalité, oui, mais avec le consentement de toutes, et sans les pères violents !

Germaine (AL Toulouse)

Pour en savoir plus :

1) Contre le masculinisme. Petit guide d’autodéfense intellectuelle (2013), par le collectif stop-masculinisme, éditions Bambule

2) « Exercice de l’autorité parentale : attention aux situations de violences ! », communiqué
de presse
de la Fédération nationale solidarité femmes (www.solidaritefemmes.org)

3) www.soslesmamans.com

 
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