Nécrologie : Michel Ravelli




Le 9 août au Père-Lachaise, nous avons adressé un dernier salut à Michel Ravelli, avec sa famille, mais également des militantes et des militants qui l’ont côtoyé dans les diverses étapes de son parcours politique.

Né à Paris en 1920, il fit des études de philosophie et obtint un doctorat dans cette discipline à la Sorbonne.

C’est sous l’Occupation que Michel Ravelli s’était engagé dans le combat révolutionnaire et internationaliste, en rejoignant les rangs du trotskysme. Au sortir de la guerre, il sera un des responsables du Parti communiste internationaliste (PCI), plutôt proche de la sensibilité de Michel Raptis (dit Pablo) au sein de la IVe Internationale. Michel Ravelli restera d’ailleurs pendant vingt ans un actif militant de ce courant « pabliste » assez atypique dans l’histoire du trotskysme.

Ainsi lorsqu’en 1952, sous l’impulsion de Pablo, la IVe Internationale décide de mener une politique « entriste » dans les partis socialistes ou communistes, la majorité du PCI, derrière Pierre Lambert, refuse ce tournant et scissionne. Michel Ravelli, pour sa part, reste fidèle à la IVe Internationale de Pablo. Il entre donc au PCF, et participe au périodique Tribune de discussion, édité par la fraction trotskyste clandestine.

Particulièrement actif dans le soutien au FLN pendant la guerre d’Algérie, il rejoint en 1969 l’Alliance marxiste révolutionnaire (AMR) une organisation « pabliste », qui remet en cause certains fondamentaux du léninisme, et évolue vers l’autogestion. Il devient responsable du périodique de l’AMR, Sous le drapeau du socialisme, qu’il quitte en 1972 lorsqu’il achève de rompre avec le trotskysme et devient communiste libertaire.

Il rejoint alors l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) et y milite jusqu’en 1976. Ceux et celles d’entre-nous qui l’ont rencontré durant cette période se souviennent d’un esprit extrêmement brillant, subtil, et plein d’humour. Un intellectuel sympathique, absolument pas poseur, ni donneur de leçon, aimant la confrontation des idées, et totalement dépourvu de sectarisme. Ses interventions, d’une véhémence sans agressivité, marquaient les esprits ; ses articles nous invitaient à la réflexion.

L’ORA disparue, Michel Ravelli collaborera à de nombreuses revues, notamment Noir et Rouge mais aussi, plus largement, à des revues de la gauche syndicale comme Résister, qui joueront un rôle dans l’émergence de l’alternative syndicale au début des années 1990. Il sera également membre du Comité d’organisation des journées de réflexion anti-autoritaires (COJRA) qui participera au processus de fondation d’Alternative libertaire à la fin des années 80 – il n’adhèrera cependant pas à la nouvelle organisation.

Pour autant, nous avons continué à entretenir par la suite des relations cordiales.

Durant tout ce processus de débat, il ne manqua pas de s’exprimer. Nous nous souvenons qu’il accordait une importance particulière aux nouvelles technologies et estimait que la lutte pour leur appropriation entre le capital et le travail constituait un enjeu majeur. Il insistait particulièrement sur cette question car il pensait que les libertaires devaient en faire un axe central de leur réflexion et de leur intervention.

Michel était aussi un amoureux des livres et du cinéma, et il n’était pas rare de le croiser, soit dans les alentours de la Bibliothèque nationale, soit dans les parages de la Cinémathèque et des salles d’art et essai de la capitale...

Alternative libertaire assure la famille de Michel et sa fille, ses amis, ses proches, ses camarades, de toute sa sympathie dans ce dur moment.

Patrice Spadoni (AL Transcom) & Guillaume Davranche (AL Paris-Sud)

 
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