Nécrologie : Pantaleon Casildo Arteaga




Le mouvement libertaire lyonnais était présent aux obsèques de notre compagnon Pantaléon Casildo Arteaga, suite à son décès le 12 août, pour exprimer un dernier salut à celui qui fut longtemps notre doyen, témoin et acteur de l’expérience la plus aboutie du projet libertaire, en 1936 en Espagne, sa terre natale.

Pantaléon découvre les idées libertaires à 18 ans, et adhère à la CNT. À 24 ans, dès le début du soulèvement factieux des franquistes, il rejoint la colonne Ascaso de la CNT-FAI qui part combattre en Aragon. Il participa à la bataille de l’Ebre, où il est blessé. À peine remis, en mai 1938, il est incorporé dans la brigade Carlos Marx, suite à la mainmise des staliniens sur la révolution ; il y restera jusqu’à la retirada vers la France, début 1939. Il a connu l’ignominie du camp concentrationnaire de Saint-Cyprien, avant de partir en Savoie dans un camp de travail pour étrangers (d’où il s’échappa trois fois pour rejoindre le maquis ; il écopa de six mois de prison après la deuxième évasion).

Pantaléon restera toute sa vie en contact régulier avec les libertaires, d’abord en Savoie, puis à Lyon à partir du début des années 70, où il s’installa avec sa femme et ses cinq enfants.

Il y a une dizaine d’années, nous avons été nombreux(ses) à la Plume noire, siège à l’époque de la dynamique Union locale de la FA de Lyon, à apprécier les visites régulières de Pantaléon. L’effervescence qui y régnait n’était pas pour lui déplaire, au contraire. Il aimait discuter avec les uns ou les autres, distillant des anecdotes forgées par son vécu, même si ses difficultés d’expression en français limitaient les échanges. La simple présence de Pantaléon était vécue, notamment par les plus jeunes d’entre nous, comme une reconnaissance et un encouragement pour notre cher combat libertaire, qui fut tant pour lui et qui reste tant pour nous.

En 2002, malgré ses 90 ans et ses difficultés de mobilité, il trouva la force d’aller parler avec les jeunes à la sortie des lycées, pour les mettre en garde contre le fascisme.

La constance de Pantaléon dans son engagement libertaire force le respect. Malgré les épreuves, il a conservé jusqu’au bout ses convictions, ses espérances et son humanité. Nous garderons le souvenir de sa présence, discrète mais pourtant si forte, de son regard malicieux et étincelant. Nous sommes auprès de sa famille, et de ceux qui l’ont aimé, dans la peine. Salut Pantaléon, et vive l’anarchie !

Martial (AL Lyon)

 
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