Notre-Dame-des-Landes : L’heure de vérité




L’actualité se bouscule toujours autour de Notre-Dame-des-Landes. Malgré le succès des manifs du 9 janvier avec blocage du périphérique nantais et une forte mobilisation à Rennes le week-end suivant, le couperet du tribunal est tombé le 25 janvier : les expulsions des fermes et des habitations « légales » sont prononcées à partir du 26 mars. Les moyens de production des quatre exploitations de la Zad (cheptel, matériel…) peuvent être saisis à tout moment. Le juge n’a pas poussé le cynisme jusqu’à demander une astreinte de 1 000 euros par jour comme le demandait odieusement Vinci.
Après avoir accusé le coup, les habitants et les habitantes ainsi que les agriculteurs et les agricultrices reprennent rapidement le goût de la lutte. Dès le lendemain, quatre-vingts tracteurs du Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport (Copain) se sont mis en place sur les différentes exploitations de la Zad afin de montrer la détermination des agriculteurs et des agricultrices de la région nantaise. Le Copain annonce que ce n’est qu’une première démonstration et bien d’autres tracteurs seront mobilisables en cas d’intervention des forces de l’ordre.

Un avenir sans aéroport

Dans la continuité de la mobilisation, un week-end « d’appel d’offres de la Zad pour un avenir sans aéroport » a eu lieu les 30 et 31 janvier. Plus de quatre cent cinquante personnes ont postulé en amont pour venir œuvrer à la construction de la Zad. Divers travaux (entretien des haies, fossés, constructions d’habitations) ont eu lieu. Cette initiative vient renforcer les expériences multiples d’une agriculture alternative existant sur place (production de céréales, de pain, de légumes, etc.). En effet, loin du cliché du « zadiste violent et barbare » (Retailleau, nouveau président de la région Pays de la Loire, comparant la Zad à Alep et à Mossoul !), une majorité de zadistes participe à la vie de ce territoire et y développe un autre projet de société.

Après les engagements environnementaux d’un gouvernement qui prétend être à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique, une des premières déclarations de Manuel Valls est d’affirmer son autoritarisme en annonçant une expulsion de la Zad dans les mois à venir. On peut aussi remarquer une belle unité entre le Parti socialiste et Les Républicains, appelant « courageusement » au début du projet et niant les fortes mobilisations de janvier. Le vaudeville politique tourne à la farce avec l’entrée en scène de Ségolène Royal qui joue l’apaisement quand Manuel Valls promet l’affrontement. François Hollande avec sa lâcheté légendaire laisse pourrir la situation en espérant passer la « patate chaude » à son successeur.

La dernière annonce parle d’une intervention en novembre 2016 ce qui paraît étrange à six mois de la présidentielle.

Propagande médiatique

Après le procès du 25 janvier, la propagande médiatique de Ouest-France et Presse Océan n’a pas hésité à pondre un édito ouvertement proaéroport et particulièrement choquant, appelant sans ambiguïté au début des travaux. Cela nous éclaire sur le mythe de « l’indépendance de presse ».

Régulièrement l’association patronale et proaéroport Les Ailes de l’Ouest a accès à des pleines pages dans ces journaux. Leur petit nombre et leur faible représentativité n’excluent pas les moyens financiers.

Suite au remaniement ministériel et à la mauvaise blague d’un soi-disant « virage écolo » du gouvernement, la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, aurait arraché un référendum sur le projet d’aéroport. Cette décision a eu le mérite de mettre d’accord les pro et antiaéroport sur la forme et la lâcheté de cette décision, typique de la verve de Hollande.

On peut se poser des questions quant à la réalisation de ce référendum. Qui décidera de son périmètre : la région, le département ou la commune ? Qui décidera de la question qui sera posée ? Les questions de fond de ce dossier, fondées sur des manipulations et mensonges, seront-elles présentées à la population ? etc. Bref, tout ça sent la vaste fumisterie et quoi qu’il arrive nous resterons opposé-e-s au projet.
Une mobilisation a eu lieu le 27 février sur la Zad. Elle est notre meilleure garantie que ce projet d’aéroport datant d’un autre siècle ne se fasse jamais. Il faut plus que jamais renforcer la mobilisation, activer les comités locaux car c’est maintenant que la lutte se joue ! En ces heures de régressions sociales ce combat est l’occasion de prouver que seule la lutte paie !

Stef (AL Nantes)

 
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