Mexique

Oaxaca : Pouvoir populaire contre pouvoir d’Etat




Depuis plusieurs mois la ville d’Oaxaca, au Mexique, est le théâtre d’une véritable insurrection populaire, opposant les habitant(e)s aux forces de répression et à l’État. Parti d’une grève des enseignant(e)s, avec lesquel(le)s la population s’est solidarisée, le mouvement s’est ensuite tourné contre le gouverneur réactionnaire de l’État d’Oaxaca. Mais ce sont les exactions des forces de « l’ordre » contre la population qui ont véritablement mis le feu aux poudres. Les insurgé(e)s d’Oaxaca ont résisté et battu la soldatesque gouvernementale. Ils et elles se sont donné leur propre organisation démocratique, l’Assemblée populaires des peuples d’Oaxaca (APPO). Dans la ville auto-gouvernée, hérissée de barricades défendues par ses habitant(e)s, le climat est saturé d’électricité révolutionnaire.
Pouvoir populaire contre pouvoir d’État !
Vive la Commune d’Oaxaca !

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Le mouvement de grève générale insurrectionnelle d’Oaxaca (Mexique), né des grèves enseignantes de cet été et de l’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO), demande le départ du gouverneur de la région, Ulises Ruiz. Ce dernier a reçu le soutien du gouvernement central mexicain qui a envoyé la police fédérale préventive (PFP, police militaire). Déjà terrorisé-e-s par la police municipale et les groupes de paramilitaires liés au parti au pouvoir, les habitant-e-s de Oaxaca ont organisé la défense de la ville en y érigeant plus de 2000 barricades.

Autogestion populaire

Déjà en juin, les flics avaient tenté d’écraser le mouvement enseignant. Mais la solidarité de la population fut totale, avec des manifestations réunissant 300 à 400 000 personnes dans une agglomération qui en compte 600 000, et s’était traduite par l’occupation et l’autogestion totale de la ville. Pourtant, le gouverneur Ruiz refusait toujours de partir.

Dimanche 29 octobre, 4 500 PFP, aidés de blindés, d’hélicoptères et de paramilitaires, prenaient ont mis la ville à feu et à sang, pillant les magasins, arrêtant les habitant-e-s, violant plusieurs femmes et tuant au moins trois personnes. L’ordre a un coût...
Les trois marches de protestation appelées par l’APPO le lendemain ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, alors que la manif de soutien à Ulises Ruiz appelée avec l’appui des médias n’en a regroupé que 800 !
Mais c’est en investissant la Cité universitaire le 2 novembre au matin que les PFP allaient subir leur première déroute.

L’APPO a alors décidé de passer de la résistance passive à la résistance active. Après 7 heures de combat et de défense la Cité, les étudiant(e)s appuyé(e)s par l’APPO et la population, ont mis en fuite la police. Le bilan est lourd : un mort et de 120 blessé-e-s, mais permettait à l’APPO de déclarer : « En ce jour le peuple héroïque d’Oaxaca a donné une leçon de civisme et de dignité au monde entier, la PFP a du reculer devant la poussée de plus de 50 000 guerilleros qui avec du bois, des pierres et des fusils à calibre lourd se sont confrontés à des blindés, des hélicoptères et des fusils d’assaut. Ce furent des heures de lutte intense, des dizaines de compañeros furent blessés, beaucoup d’entre eux grièvement, des dizaines de détenus-disparus (dont des enfants), cependant le peuple d’Oaxaca a gagné cette première bataille. »

Solidarité internationale

À Mexico même, plusieurs manifs de soutien ont déjà eu lieu. Dans l’État voisin du Chiapas, l’EZLN a organisé de nombreux barrages routiers en solidarité. Idem dans l’État de Puebla. Dans l’État du Michoacán est apparue une réplique locale de l’APPO : l’APPM qui, appuyée par la Coordination nationale des travailleurs de l’Education (CNTE), annonce une grève illimitée dans plus de 10 000 écoles de l’État et le départ pour Oaxaca de trois mille enseignants en renfort pour l’APPO. Bref, les actions de solidarité se multiplient au plan national.
Mais aussi sur la planète : à Barcelone, Los Angeles, Vancouver, Paris, Marseille, des manifestations de soutien à la Commune d’Oaxaca ont déjà eu lieu. En Italie l’ambassade du Mexique a été occupée par des manifestants.
Le 20 novembre est une journée nationale de grève générale, à l’appel de la CNTE, de l’EZLN et de l’APPO.
Des manifestations ont lieu en solidarité, partout dans le monde.

Des collectifs de solidarité avec Oaxaca se créent dans plusieurs villes de France. Il est nécessaire de s’unir pour des mobilisations de plus grande ampleur.

 
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