Palestine : Une fissure dans le mur




Bil’in n’est pas la seule commune palestinienne à résister à la construction du mur de l’apartheid mais par sa ténacité elle en est devenue le symbole. Des manifestations rassemblent des habitantes et des habitants des deux côtés du mur. Les nouvelles générations jouent un rôle essentiel.

Quand les villageois et les villageoises apprirent que le mur allait voler la majeure partie de leurs terres agricoles, ils créèrent le comité populaire de Bil’in, structure indépendante des organisations politiques. Suivant l’exemple des villages de Mash’a et Budrus, le comité a fait appel à la solidarité des militantes et des militants israéliens et internationaux. Depuis lors, ils manifestent ensemble chaque vendredi, malgré la violence des occupants, les blessés et les arrestations. Au bout de deux ans et demi de lutte, cette bourgade agricole de 2 000 habitants située près de Ramallah en Cisjordanie est parvenue à fissurer le mur.

En septembre, la Cour suprême d’Israël a partiellement donné raison aux habitants et a décidé que le mur devait être déplacé de 1,7 km vers l’est. Cette petite victoire juridique ne va pas arrêter la progression du mur et des colons. Il n’est même pas sûr que le jugement de la Cour suprême soit appliqué sur le terrain. Pourtant, cette fissure est vécue comme une victoire importante.

Le mur de la domination

Le mur n’est pas seulement un moyen parmi d’autres de voler les terres du peuple palestinien, il fait partie d’un dispositif qui vise à séparer les deux peuples. Comme du temps de la ségrégation dans le sud des États-Unis et de l’Apartheid en Afrique du Sud, les seuls rapports tolérés doivent fonctionner sur le mode dominant-dominé. Les relations d’égal à égal entre Palestiniens et Israéliens, la confiance mutuelle et la camaraderie engendrées par la lutte sont une défaite de cette politique de ségrégation. Entretenir la peur et la haine pour empêcher un règlement juste du conflit est une constante de la politique israélienne. D’un côté, les colons et les soldats sont les seuls Israéliens que les Palestiniens doivent connaître, de l’autre il ne doit y avoir pour les Israéliens que deux catégories de Palestiniens : le bon collaborateur et le mauvais terroriste qui doit être impitoyablement écrasé. En menant ensemble une lutte non violente, les villageois et les villageoises, les militantes et les militants palestiniens et israéliens remettent en cause les stéréotypes que l’occupant veut imposer.

La relève des pacifistes

Autour du combat contre le mur, c’est une nouvelle génération militante qui émerge des deux côtés de la ligne verte, et avec elle de nouvelles formes de lutte. En Israël, le mouvement des Anarchistes contre le mur (ACM) réussit à entraîner les autres groupes de la gauche pacifiste. Pour un de ses vétérans, Michel Warchawski, ils « ouvrent la voie vers un nouveau courant contre l’occupation ».

En Palestine également, des jeunes font preuve de créativité dans leurs modes d’actions, et préparent des alternatives pour sortir la résistance de l’impasse où elle se trouve aujourd’hui. Alors que les générations précédentes se reconnaissaient dans la figure de Che Guevara, la nouvelle préfère celle de Martin Luther King. Ainsi, des jeunes femmes et hommes viennent de créer « The Bil’in Friends of Justice and Freedom Society » pour transmettre l’expérience de Bil’in en Palestine et au-delà et pour aider et financer l’éducation des jeunes Palestiniens. Ces mouvements apportent un peu d’espoir dans une période terrible pour le peuple palestinien et ses aspirations à la liberté. Ils ont besoin du soutien international : les Anarchistes contre le mur demandent un soutien financier pour faire face à la répression. Les besoins des Palestiniens et des Palestiniennes sont immenses, il faut de l’argent mais aussi que des militants et des militantes de tous pays viennent partager leur lutte pour ensuite en témoigner.

Hervé (AL Marseille)

 
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