Quels sont les intérêts en jeu pour les puissances occidentales ?




Si chaque pays arabe occupe une situation spécifique sur l’échiquier des intérêts diplomatique internationaux, il est clair que la grande peur des puissances occidentales tient en deux mots : risque d’immigration et prix du pétrole. L’on peut en juger par le recours aux services de l’agence européenne Frontex dès le 20 février pour aider l’Italie à se prémunir contre les réfugiés tunisiens, et postés aujourd’hui autour de la Libye pour dès A plus long terme, elles vont tenter de perpétuer un long et lucratif clientélisme en sauvant l’élite capitaliste des pays arabes, et pourquoi pas les régimes. Enfin, d’autres paramètres diplomatiques liés au partenariat avec Israël et les accords de Camp David sont en jeu.

Pour l’Égypte c’est un enjeu diplomatique qui pèse sur les mouvements de l’intérieur, pour la Libye ou Bahreïn, ce sont surtout des enjeux économiques qui peuvent justifier l’ingérence étrangère :

Au Bahreïn, comme dans les pays du golfe, les intérêts des États-Unis dans les négociations autour du pétrole sont importantes et justifient une présence militaire (5e flotte US au Bahreïn) et des liens étroits avec les régimes autoritaires. Ce sont également les liens avec le régime iranien, bastion du chiisme, qui inquiètent les puissances occidentales.

Au Bahreïn (ou encore en Arabie saoudite), les chiites sont majoritaires dans la population, tandis que le pouvoir est détenu depuis le 18e siècle par une dynastie sunnite. Les chiites rencontrent la méfiance et s’évertuent à montrer que l’influence de la ligne religieuse iranienne n’est pas réelle.

Égypte : Pourquoi l’Union européenne et les États-Unis ont soutenu Moubarak jusqu’au début du mouvement ?

Malgré tous les slogans pro-démocratie des néoconservateurs américains, élément essentiel de leur propagande impérialiste, l’approche des États-Unis à l’égard des pays arabes alliés, comme l’Égypte était basée sur un pacte simple : vous nous fournissez du pétrole, vous n’attaquez pas Israël, et nous fermons les yeux sur tout ce qui se passe à l’intérieur de vos pays. A contrario ils savent que s’il y a des vrais élections libres dans les pays arabes le résultat sera préjudiciable à leurs intérêts et à ceux d’Israël.

Avec l’essor d’Al-Qaïda et du fondamentalisme islamique dans les années 1990, une autre clause s’est ajoutée : le musellement des mouvement islamistes (en rupture avec la période de la Guerre Froide, où les USA ont utilisé les tendances les plus conservatrices de l’islam (wahhabisme saoudien, mais aussi Frères musulmans) pour contrer les nationalistes arabes, les PC, les progressistes de toutes sortes, en connexion avec l’URSS...ou pas). Cette nouvelle stipulation a été acceptée avec enthousiasme par les dirigeants en place, car elle leur permettait de faire taire leurs opposants avec la bénédiction des Américains, même si l’administration Bush comptait sur les autocrates arabes (en particulier égyptien, saoudien, jordanien et même libyen) pour mener ses opérations anti-terroristes, sa guerre en Irak, et son bras de fer avec l’Iran.

De surcroît, à chaque fois que Washington a tenté de mettre en accord ses discours et ses actions diplomatiques – en poussant Moubarak à desserrer l’étau lors des législatives de 2005 ou en poussant l’Autorité palestinienne à organiser des élections à Gaza en 2006 –, le résultat lui a déplu et la Maison Blanche a trouvé que le statu quo n’était pas si mal.

En devenant président, Barack Obama a hérité de cette situation... et ne l’a pas, lui non plus, remise en cause. Même lors de son discours du Caire, en 2009, il n’a fait qu’évoquer brièvement le processus de démocratisation au Proche-Orient, et s’est singulièrement abstenu de mentionner le régime égyptien, sur le sol duquel il parlait. Et pour cause, la révolution égyptienne est à même de chambouler l’ordre voulu par les intérêts d’Israël.

Secrétariat international d’AL

 
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