Rapport du conseil d’analyse économique : Feignants d’idéologues patronaux !




Un rapport publié en septembre par le Conseil d’analyse économique propose de supprimer la durée légale du travail, et suggère de limiter la durée maximale à… 13 heures par jour !

Dire qu’on paie des impôts pour financer des « rapports d’experts » aussi paresseux et dénués d’imagination ! Le Conseil d’analyse économique (CAE) est une officine d’économistes nommés par le Premier ministre. En septembre dernier, il a publié un rapport signé Patrick Artus, Pierre Cahuc et André Zylberberg, intitulé Temps de travail, Revenu et Emploi [1].

Tout le rapport est placé sous les auspices du slogan « travailler plus pour gagner plus ». Parmi les propositions-phares : l’autorisation du travail le dimanche, actuellement enjeu d’un bras de fer avec les organisations syndicales.

L’un des plus gros dangers de ce rapport est son insistance à distinguer « durée maximale », « durée légale » et « durée effective » du travail. La « durée effective » est la durée travaillée dans l’année une fois retirés les congés (très décriés dans le rapport), les repos compensateurs et surtout les congés maladie. Ce détail peut paraître anecdotique, mais depuis la réforme des retraites de 2003, une période non travaillée pour cause de maladie ne compte plus dans le total des annuités nécessaires pour prétendre à une pension. Le système de Sécurité sociale est lié au travail ; aussi le concept de « durée effective » – forcément inférieure à la durée légale – peut faire des ravages en matière de droits sociaux.

Ce rapport, par ailleurs truffé de références humanistes, reconnaît la nécessité de fixer une durée maximale du travail pour la protection et la santé des salarié-e-s. Mais… cette affirmation est toujours assortie d’un « mais » !

Cigales et fourmis

Les directives européennes sont moins protectrices que la législation française (durée maximale fixée à 13 heures par jour au lieu de 10 heures). Si l’alignement de la France sur cette directive n’est pas ouvertement préconisé par les experts, cette observation revient plusieurs fois et est placée stratégiquement dans le résumé du rapport. Un clin d’œil à Fillon pour « remettre la France au travail » ?

Quant à la durée légale, elle serait… superflue ! Le rapport recommande tout bonnement sa suppression pour laisser la « négociation entre partenaires sociaux » régler la question au cas par cas… le secteur de l’hôtellerie-restauration (un des plus régressifs en matière de droits sociaux) faisant figure de modèle.

Pour compléter ce réjouissant tableau, on peut lire dans un des commentaires du rapport que la philosophie de ses rédacteurs était de « permettre aux fourmis qui veulent travailler plus de sauver les cigales qui veulent garder leurs congés ». Une nouvelle guerre idéologique est annoncée : après la revanche sur 1968, la revanche sur 1936 !

Sophie (AL Nantes)

[1Disponible sur www.cae.gouv.fr

 
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