Régime de l’été : Belle en maillot




Quand l’été approche, ce n’est pas la météo qui nous en informe. Affiches
publicitaires et presse réunies exhortent les femmes à commencer la
reprise en main annuelle pour être belles en maillot.

Décortiquons. Être belle, ce n’est pas
être à l’aise, aller bien, jouir de son
corps, être heureuse. Les histoires de
beauté intérieure sont des contes pour
les enfants. Être belle, ce n’est pas pour
soi et pour le plaisir, c’est pour les
hommes. Les femmes doivent être
séduisantes, désirables.

Et comment on reconnaît une femme
belle ? Elle est d’abord mince, et pour
ce qui est du « en maillot » elle se doit
aussi d’être épilée et pré-bronzée.

Jusqu’au début du siècle, la beauté
était « donnée » (ou pas), naturelle
même si de nombreuses règles s’appliquaient aux corps des femmes (bien-
séance, vêtements, comportement...), de
nos jours, elle doit être conquise et
répond à des normes précises, parmi
lesquelles la minceur. Les annonces
périodiques sur le retour des rondes (qui
ne sont jamais parties) montrent des
femmes affichant bravement un 42.
Même les rondes doivent être minces.
En plus de cette norme, les discours
médiatique et social assènent l’idée
qu’une femme qui veut être belle/mince
le peut. Et que les grosses n’ont pas de
volonté.

Résultat connu de toutes nos
lectrices : une femme ne prévoit jamais
un menu, ne commande jamais un plat
sans penser à sa ligne (elle écarte ou
non cette pensée mais elle l’a forcément). Comme pour la prise de parole
en groupe mixte, il y a une répartition
prévisible des salades et des frites
autour d’une table réunissant des convives des deux genres (des deux sexes
mais conditionnés par le patriarcat à
être ce qu’il faut dans ce système).

L’injonction faite aux femmes de se
contrôler est apparue en occident dans
l’entre-deux-guerres, en même temps
que les femmes conquéraient de nouveaux droits et commençaient à investir
le monde du travail.

Alors, nous devons peut-être lire ce
rappel saisonnier à se reprendre en
mains comme le rappel que :

– les femmes doivent plaire aux hommes, pression à la mise en couple hétérosexuel, mise en couple nécessaire à
l’exploitation du travail domestique des
femmes ;

– les femmes doivent se contrôler et
s’occuper de modeler leurs corps, ce
qui leur prend leur temps et leur énergie, laissant le champ libre aux hommes
pour contrôler le monde.

Évidemment, les systèmes d’oppression s’imbriquant et se soutenant
mutuellement, cette injonction à la
beauté produit un chiffre d’affaires qui
fait que le capitalisme est prompt à soutenir l’idée que les femmes doivent faire des efforts, dont celui d’acheter un
tas de produits chers et inutiles, pour
être belles en maillot.

Christine R. (AL Orne)

 
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