Retraites : le gouvernement veut faire payer les classes populaires




Le gouvernement a annoncé le 16 juin le mesures qu’il allait prendre dans le cadre de la réforme des retraites. Alors que le mouvement social s’oppose depuis des mois au report de l’âge de départ comme à l’allongement de la durée de cotisation, le gouvernement a fait le choix d’ignorer la volonté populaire, en reculant l’âge de départ à 62 ans et en portant la durée de cotisation à 41 ans et 3 mois dés 2013.

Ces mesures ont pour seul objectif la baisse des pensions, afin de diminuer la part patronale dans le financement des retraites et d’approfondir le mouvement de transfert de richesses en faveur des capitalistes. Les salarié-e-s n’atteindront jamais l’âge légal et le nombre requis d’annuités, ou alors au chômage ou au RSA, ce qui occasionnera de sévères décôtes. L’âge où les salariés pourront partir sans décôte est lui aussi repoussé de 65 à 67 ans, âge supérieur à l’espérance de vie en bonne santé de la plupart des travailleurs et des travailleuses, notamment celles et ceux ayant des emplois pénibles. Alors que les pensions sont déjà trop faibles, le gouvernement ambitionne de faire basculer une bonne partie des classes populaires dans la misère, au bénéfice d’une minorité de nantis pour qui la retraites n’existent pas, puisqu’ils n’ont jamais travaillé !

L’offensive gouvernementale est enrobée dans une série de rideaux de fumée destinés à faire croire que les revendications populaires ont été entendues. La pénibilité sera prise en compte, mais sur un mode purement individualiste : les salarié-e-s souffrant « d’un affaiblissement physique avéré » pourront encore partir à 60 ans, mais cet affaiblissement sera déterminé par une visite médicale, soumis à un arbitraire inacceptable et accordé de manière purement individuelle et non en fonction de la catégorie sociale ou de la branche d’activité, alors que les ouvriers ont une espérance de vie inférieure de plusieurs années à celle des cadres. Faudra-t-il que les travailleurs et les travailleuses s’auto-mutilent à 60 ans pour gagner leur droit à partir à la retraite ?

Les femmes seront elles aussi les victimes de cette réforme : par exemple, le droit pour les fonctionnaires ayant eu 3 enfants à un départ anticipé, dispositif dont 99% des bénéficiaires étaient des femmes, sera supprimé.

Les jeunes précaires pourront valider davantage de trimestres en période de chômage non indemnisé (6 au lieu de 4 actuellement). Mais la pression sur les plus de 60 pour qu’ils continuent à se tuer à la tâche provoquera une hausse du chômage des jeunes qui fera plus que compenser cette avancée factice. Alors que les effets de la crise sont encore loin d’être épongés, et que le chômage atteindra des sommets dans les années qui viennent, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de venir alourdir le fardeau avec cette contre-réforme des retraites.

Enfin, ultime rideau de fumée, le gouvernement fait semblant de toucher aux hauts revenus et aux revenus du capital, en annonçant 1% les prélèvements sur la dernière tranche de l’impôt sur le revenu ou sur les dividendes et plus-values. Mais il refuse toujours de toucher au bouclier fiscal ou de supprimer les cadeaux fiscaux au patronat qui grèvent le financement des retraites. Que l’on se rassure : les sommes détournées au profit des capitalistes grâce au reste de la réforme épongeront largement ces minuscules hausses de prélèvements.

Alternative Libertaire revendique le retrait de cette contre-réforme et le financement des retraites en prenant sur les revenus des capitalistes. Pour cela un mouvement social d’ampleur sera nécessaire à la rentrée, où une grève générale reconductible devra être construite pour permettre la victoire. L’unité à la base des travailleurs et des travailleuses est plus que jamais nécessaire pour réaliser cet objectif.

Alternative Libertaire, le 18 juin 2010

 
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