Tract d’AL Alsace

Retraités : morts pour le capital




« La France vieillit. Pour payer les retraites de leurs parents, les jeunes devront travailler plus et plus longtemps. » « Il faudra inéluctablement compléter le système de retraite par répartition par un système de capitalisation »

Autant de sentences qui sont matraquées sans cesse depuis plus de vingt ans par les politiques et les journalistes. Ils et elles espèrent sans doute qu’à force de répéter un mensonge, il deviendra vérité. Alors que se dessine un mouvement de résistance à la casse de ce qu’il reste de nos retraites, il est temps d’en finir avec ces idées reçues qui polluent le débat à droite comme à gauche.

Fausse réforme, vrai hold-up

La propagande de l’Etat et des patrons s’appuie sur le fait qu’il y a de moins en moins d’actifs pour financer de plus en plus de retraites, les gens ayant pris l’habitude de vivre trop longtemps ! C’est oublier que l’espérance de vie des ouvriers et ouvrières n’augmente plus et reste inférieure de 6 ans à celle des cadres. C’est aussi oublier qu’un travailleur ou une travailleuse aujourd’hui produit quatre fois plus de richesses qu’en 1975 ! Cette augmentation de la productivité permettrait non seulement de financer les retraites, mais aussi de les revaloriser massivement, voire de diminuer la durée de cotisation. En augmentant la durée de cotisation, on voudrait au contraire, nous pousser vers un système par capitalisation, ce qui revient à demander aux travailleurs et aux travailleuses d’épargner sur un salaire déjà bien maigre pour se payer eux-mêmes leur retraite. Cet argent ne sera pas enterré au fond du jardin mais bien gentiment confié à des banques ou à des fonds de pension qui l’investiront en bourse ou sous forme de prêts aux entreprises.

Loin de sécuriser nos retraites, la capitalisation met en place un jeu de roulette russe : si la bourse s’effondre (comme cela s’est produit cinq fois dans les quinze dernières années !), vos retraites partiront en fumée.

 En 1991, le magnat de la presse britannique Robert Maxwell a puisé 750 millions d’euros dans les fonds de pension de ses salariéEs pour rembourser ses dettes.

 En 2001, la faillite du groupe Enron aux Etats-Unis a fait perdre à 40 000 salariéEs leur emploi et leur retraite.

 En 2002, l’état suisse a autorisé les fonds de pension à réduire fortement le montant des retraites versées pour faire face à la crise boursière. Une fois l’euphorie revenue à la bourse, les retraitéEs n’ont bien évidemment pas touché un franc suisse de plus.

Réformer plus pour profiter plus

Derrière cette vaste opération de contre-réforme se poursuit un projet entamé depuis 1993 par le MEDEF et la droite. En détruisant à petit feu le système par répartition, les possédants entendent réduire encore plus la redistribution des richesses pour augmenter leurs profits. Tout l’argent « économisé » sur les retraites tombe directement dans leur poche, il n’est jamais converti en augmentation de salaires. Encore mieux, grâce à la capitalisation, ils pourront se servir directement dans l’épargne des salariéEs.

Plus fort encore, en allongeant la durée de cotisation et en réduisant le montant des pensions, le patronat parvient à se créer une nouvelle force de travail précarisée. Comme aux Etats-Unis, en Espagne ou en Hongrie, beaucoup de « retraitéEs » sont obligéEs de cumuler des emplois dégradants pour compléter leur retraite. D’autres sont obligés de prolonger le plus possible la durée de leur exploitation, ce que le gouvernement aimerait faire passer pour le grand progrès du « travail des seniors ».

Notre avenir n’est pas à vendre

Il n’y a pas de « problème des retraites », il y a un problème d’appropriation par les capitalistes des richesses que nous produisons. L’horizon du combat pour les retraites ne peut donc pas se limiter au retour aux 37,5 annuités pour tous et toutes. Il faut nous réapproprier les fruits de nos efforts et les utiliser pour assurer à chacune et à chacun les moyens de subsistance et le confort auxquels nous aspirons.

La retraite ne devrait être qu’un salaire social, de même que les revenus du travail ou les allocations et indemnités de toute sorte. Ces salaires sociaux doivent être financés par notre travail et redistribués intégralement et de façon égalitaire. Il est temps que les salariéEs se donnent les moyens de contrôler réellement et démocratiquement à la fois la production et la redistribution des richesses. C’est d’ailleurs dans cet esprit que des travailleurs et travailleuses ont créé dès le dix-neuvième siècle des mutuelles pour assurer leurs vieux jours.

La question des retraites n’est qu’une facette du projet de société porté par le patronat, qu’il faut contrer dans la rue pour inverser le rapport de force. Mais il faut aussi que les travailleurs et les travailleuses se dotent d’un véritable projet alternatif pour enfin arrêter d’être tributaires de l’idéologie des classes dominantes.
Une seule solution : l’auto-organisation !

Après des années de pseudo-luttes au rythme de cinq grèves par an, il serait temps de se poser la question des moyens à employer pour gagner. Face au pire gouvernement de régression sociale, il est illusoire d’espérer obtenir quoi que ce soit par des journées d’action ponctuelles, sans perspective et sans rapport de force. Ce n’est que par une grève interprofessionnelle, reconductible jusqu’à satisfaction de TOUTES les revendications, qu’il sera possible d’imposer nos solutions. C’est dans la lutte que peut se construire un véritable contre-pouvoir à même d’élaborer une alternative. Et si les directions syndicales refusent d’amorcer le combat, c’est à la base de s’organiser en assemblées générales pour appeler à la lutte.

 
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