Roman : « Le Bateau-usine »




Le Bateau-usine est un roman social et politique, un classique de la littérature prolétarienne japonaise. Écrit en 1929, le roman va connaître une incroyable renaissance en 2008.

« C’est parti ! En route pour l’enfer !  » Voilà comment Takiji nous embarque dès la première ligne de son roman dans les entrailles d’un bateau-usine japonais, nous y rencontrons des ouvriers, des paysans et des étudiants pauvres, venus travailler pour quelques mois. Dans des conditions de vie et de travail épouvantables, ils pêchent le crabe avant de le mettre directement en conserve. Exploités au détriment de leur santé, perdus en pleine mer et sans aucun droit, la révolte gronde.

Kobayashi Takiji, lorsqu’il écrit Le Bateau-usine est employé dans une banque, il a découvert la condition du prolétariat de l’île de ­Hokkaido, ou sa famille de paysans à été contrainte d’émigrer lorsqu’il était enfant. Pour nous livrer cette description aussi précise de la vie dans ce bateau-usine, Takiji a recoupé brèves journalistiques et témoignages de marins et d’ouvriers. Allégorie du fonctionnement capitaliste, ce bateau-usine permet à l’auteur de dénoncer la collusion d’intérêts entre l’État, l’industrie et l’armée, dans une zone géographique sensible entre Japon et Union soviétique. Mais plus qu’un témoignage, ce roman a bien pour but de montrer que seul ­l’unité permet la victoire de la lutte. Ici, le seul héros, c’est le collectif et l’auto-organisation du prolétariat, débarrassé de ses faux amis.

En 2008, un concours de rédaction de jeunes précaires consacré au livre de Takiji ­offre une nouvelle naissance au livre. Il s’écoule à près d’un million d’exemplaire en un an ! Les jeunes travailleurs précaires du Japon s’y reconnaissent et retrouvent dans ce livre leur époque. Les non-droits liés à leur condition d’intérimaire, le manque d’organisations syndicales rappellent l’isolement et l’exploitation des travailleurs et travailleuses du bateau-usine. Ce classique prolétarien du début du XXe siècle aura même fini par donner naissance aujourd’hui à l’expression « kanikôsen » (faire bateau-usine) pour qualifier le travail précaire et pénible ! Une lecture indispensable.

Benjamin (AL Nantes)

 
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