Saint- Bernard : Un héritage qui divise




Le 23 août 1996, 300 personnes (femmes, hommes et enfants), sans-papiers, étaient délogées par les CRS de l’église Saint-Bernard à Paris, à coups de hache et de gaz lacrymogènes. Cette année, la commémoration a été célébrée dans une relative confusion avec deux appels distincts.

Le défilé n’avait jusqu’à présent qu’un mot d’ordre : « Régularisation de tous les sans-papiers par une carte de 10 ans ». Mais le 1er septembre 2012, un autre son se fait entendre avec une demande des régularisations des seuls travailleurs et travailleuses.
Problème, plusieurs organisations politiques (dont Alternative libertaire) ont signé deux textes appelant à manifester, mais dont la version publique a été modifiée entre l’appel aux signataires et la déclaration. Les organisations présentes à l’Ucij (Union contre l’immigration jetable) ont clairement affirmé que le mot d’ordre de la manif du 1er septembre n’avait plus rien à voir avec l’anniversaire de Saint-Bernard. Ces pratiques couplées aux imprécisions de l’Ucij – notamment sur le déroulement des faits –, attestent de réelles divisions au sein du mouvement de lutte que traverse le mouvement. Pour s’en convaincre, il suffisait de constater que le 1er septembre, bien des collectifs de sans-papiers n’étaient pas présents et certains qui y étaient (collectif de Vitry ou CSP XVIIe par exemple) ne sont pas en accord avec la ligne de certains miltants CGT. Cette obsession à être sur une ligne précise pour la lutte des sans-papiers montre qu’ils ne veulent pas connaître la situation des autres sans-papiers comme celle des jeunes majeurs souvent scolarisés et sans domicile à Paris.
La majorité d’entre eux ne peut ni s’inscrire ni suivre une formation en alternance puisque l’administration fait tout pour que les demandes émanant de mineurs isolés n’aboutissent pas. Ces jeunes ne risquent donc pas d’occuper leurs lycées (comme cela leur a été suggéré) puisqu’ils n’y sont pas.

Expulsions continues

Toutes ces tensions tombent assez mal pour le mouvement, mais plutôt bien pour le gouvernement. Ce dernier a déjà annoncé la couleur. Il va mener une lutte implacable contre les filières du travail clandestin. Cela veut dire des contrôles administratifs systématiques d’autant plus facilités par le nouveau texte des gardes à vue de seize heures pour les sans-papiers. Pour qu’une résistance puisse s’y opposer, il faut déjà dépasser les divisions qui clivent l’Ucij. Tous ceux et celles qui oeuvrent autour de ces questions (de RESF aux associations de défense des Rroms) doivent s’unir pour parler d’une voix et porter leurs revendications face au capitalisme qui crée toujours plus de main-d’œuvre jetable
Pour cette bataille, notamment autour de la réforme du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda) déjà plusieurs fois repoussée par le gouvernement et annoncée pour 2013, nous devons sortir du fractionnement des luttes des droits des sans-papiers pour réclamer la régularisation de tous et toutes les sans-papiers par une carte de dix ans. Nous devons clairement réaffirmer l’égalité des droits entre français et immigrés. Arrêtons de nous placer sur le terrain du gouvernement.

Noël (AL Montreuil)

 
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