Sans-papiers : Chez Canal Toys, on ne fait plus joujou !




L’embauche de sans-papiers résulte souvent d’un calcul cynique, les employeurs profitant de salariés précarisés par leur situation administrative. Mais les résistances se multiplient, à l’exemple de la récente victoire des salarié-e-s de Canal Toys.

Canal Toys, entreprise commerciale de la zone industrielle du Blanc-Mesnil, achète des jouets pour les revendre dans les centres commerciaux. Cette entreprise utilise les CDD comme variable d’ajustement sans respecter les délais de carence entre contrats. Elle a utilisé le motif de « surcroît temporaire d’activité » pour justifier sa politique de turn-over, alors que, dans cette entreprise comme dans d’autres, l’accroissement n’est pas temporaire, se situant tous les ans sur les mêmes périodes. En outre, à Canal Toys, les salarié-e-s se voient imposer des situations de travail épuisantes et dangereuses en fonction des impératifs de production.

Mais Canal Toys, après avoir abusé des contrats précaires a cessé d’y recourir en octobre 2008. Puis, un « plan de sauvegarde de l’emploi » (PSE) est survenu en décembre 2008. Les sans-papiers en CDD ne bénéficient alors pas des mêmes dispositions que leurs collègues : pas de cellule de reclassement personnalisé, ni d’indemnités spécifiques…

Onze salariés ont alors décidé de renverser la vapeur : sept en CDD, licenciés avant le PSE, un licencié économique et trois CDI encore dans l’entreprise sont entrés en grève. Leur action a été soutenue par l’UL CGT du Blanc-Mesnil et Solidaires 93, ce qui a permis de mener une grève visible et de faire pression sur le patron en lui rappelant les manquements au droit du travail commis par l’entreprise à l’égard des sans-papiers. Un comité de soutien unitaire a également permis de rassembler le maximum de monde devant la boîte. Le PCF avec sa capacité à mobiliser certains des élus municipaux, le comité NPA du Blanc-Mesnil, les Verts 93, le MRAP 93 et Alternative libertaire 93 ont été les principaux animateurs du comité de soutien. Une troupe de théâtre militante, venue jouer en soutien, et des articles dans L’Humanité ou Le Parisien ont permis d’animer le piquet de grève et de populariser la lutte.

Première victoire d’étape

Au terme de deux semaines de lutte, le patron a signé mi-mai le protocole de fin de conflit. Il doit ainsi réintégrer le licencié économique et les CDD, sur des CDI d’ici à l’été, et surtout soutenir les démarches de régularisation de l’ensemble des salariés. La plate-forme revendicative visait aussi l’amélioration des conditions de travail, la création d’un CHSCT, etc. Bref, ce sont des gains importants pour tous les salarié-e-s de la boîte, engrangés par la lutte d’une petite dizaine parmi les plus précarisé-e-s. Le comité de soutien devenu comité de suivi continue d’accompagner cette lutte, avec plusieurs rassemblements envisagés devant la Préfecture. Parce que si la première manche syndicale a été remportée face au patron, la seconde manche juridique et politique auprès de la Préfecture pour les dossiers de régularisation ne l’est pas encore. La lutte continue !

Franz B. et Violaine B. (AL 93)

• La suite sur le blog d’alternative libertaire 93 : http://libertaires93.over-blog.com/

 
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