Sans transition : Anne Lauvergon




L’ancienne patronne d’Areva, leader mondial de l’énergie nucléaire, s’est trouvé une belle sinécure ! Depuis le 29 novembre, elle chapeaute le Conseil national du débat sur la transition énergétique (CNDTE), une commission de technocrates qui a d’emblée exclu le nucléaire des débats. Au nom de la « croissance durable », on prônera le consumérisme à tout-va.

Le 29 novembre, le Conseil national du débat sur la transition énergétique a tenu sa première réunion, après quelques difficultés de démarrage : retards, démission d‘un des membres du comité de pilotage, critiques d’organisations environnementales qui refusent d’y participer (Greenpeace, les Amis de la Terre). Son but : animer le débat public pendant les prochains mois pour dégager les grands axes d’une loi de programmation énergétique qui devrait voir le jour mi-2013.

Cette initiative, emmenée par la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, est censée mettre la France sur la voie de la sobriété énergétique (consommer moins), de l’efficacité énergétique (consommer mieux) et de la diffusion massive des énergies renouvelables. On pourrait rester ébahi devant ce beau programme proposé par nombre d’organisations environnementales depuis des années mais à y regarder de plus près, on déchante vite.

La première hypocrisie concerne le nucléaire, d’emblée exclu du débat. On est supposé s’en tenir aux promesses du président de la République : diminution de 75 à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici à 2025 et fermeture de Fessenheim, la plus vieille centrale de France.

En contrepartie, le maintien à bout de bras du chantier de l’EPR en plein naufrage – trois ans de retard, un coût de 8,5 milliards d’euros au lieu de 3,3 – montre bien la vacuité des promesses "socialistes".

Enfumage d’« experts »

La deuxième hypocrisie concerne le reste des membres du comité de pilotage : Laurence Tubiana, directrice de la chaire de développement durable de Sciences Po, Jean Jouzel, scientifique renommé et membre du GIEC (Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), Michel Rollier, dirigeant de Michelin de 1996 à 2012, et Georges Mercadal, vice-président de la commission nationale du débat public entre 2002 et 2007. Le 6e siège est réservé à la caution verte de cet aréopage productiviste : Bruno Rebelle, ex-dirigeant de Greenpeace France.

Avec une telle composition, le CNDTE ne proposera pas de réorientation de la politique énergétique du pays.

Les résultats de ce « grand débat » sont donc prévisibles : beaucoup de bonnes intentions, quelques réformes pour favoriser les énergies renouvelables, quelques encouragements à réduire la consommation d’énergie, mais in fine, la poursuite du nucléaire et le dogme de la "croissance". Or, pour sauver la planète, c’est bien cette logique de croissance infinie dans un monde fini qu’il faut briser.

commission écologie

 
☰ Accès rapide
Retour en haut